François Hollande en pleine tournée d'adieux

François Hollande, le 27 mars avec la communauté française de Singapour. - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT - AFP
"Ce n’est pas une tournée d’adieux, mais de retrouvailles". Début janvier, c’est ainsi que François Hollande définissait son déplacement en Corrèze devant la presse, pour les derniers "vœux aux territoires" de son quinquennat. Manière pour le président de la République de signifier qu’il faut encore compter avec lui pour quelque temps. Il n’empêche: depuis que le chef de l’Etat a renoncé à se représenter, un mois plus tôt, il s’est bel et bien lancé dans une frénétique tournée d’adieux. Avec ce paradoxe: plus François Hollande est présent sur le terrain, plus il semble souligner l’imminence de son départ.
"Jusqu’au dernier jour, je serai pleinement à ma tâche", promet-il lors de ses vœux, le 31 décembre. Et il le prouve. Dimanche, il s’est envolé pour la dernière tournée internationale de son mandat, de Singapour à l’Indonésie en passant par la Malaisie. Un voyage de quatre jours au rythme intense: pas moins de quarante discours, cérémonies, entretiens et rencontres sont prévus. François Hollande paraît vouloir vivre "à fond" chacune de ses "dernières fois". Fin février, il passe neuf heures d’affilée au Salon de l’agriculture, soit son record de présence dans les travées de la grande foire agricole.
"Il faut rester!"
Il faut dire qu’il aurait tort de se priver. Depuis qu’il n’est plus candidat à sa succession, sa cote de popularité s’est (un peu) redressée et l’accueil du public s’est amélioré. BFMTV a pu le constater en suivant récemment François Hollande plusieurs jours. "Faut pas lâcher! Faut rester!", lui lance-t-on au milieu d’un bain de foule, lors d’un déplacement à Crolles, un village de l’Isère. Au micro de BFMTV, quand notre journaliste lui fait remarquer qu’il n’a jamais été aussi populaire, il lâche:
"C’est parce que vous ne l’entendiez pas forcément".
Reste que si François Hollande a la bougeotte, c’est avant tout pour défendre son bilan, comme lorsqu'il déclare devant des centaines d’élus et militants PS de Crolles, le 18 mars:
"Les faits, regardons-les: la France, elle est plus forte qu’il y a cinq ans. Puisque peu le disent, je vais le dire à leur place".
Son dernier combat, la lutte contre l'extrême droite
Autre priorité du chef de l’Etat, mettre en garde contre le risque Front national, sans le nommer explicitement. "Il n’y a pas d’avenir (pour la France) hors de l’Europe, contre l’Europe, sans l’Europe", assène-t-il dans ses discours. Pour Serge Raffy, auteur de plusieurs biographies de François Hollande, Marine Le Pen l’obsède. Le journaliste développe auprès de BFMTV:
"En ce moment, c’est sa grande inquiétude, il parle sans arrêt de ce danger. François Hollande peut se retrouver dans la position de l’homme qui a préparé le lit du FN, même si c’est objectivement faux".
La voilà, la dernière campagne du président. Bien plus que celle, officielle, qui fait rage entre les 11 prétendants à l’Elysée. Jusqu’à présent, François Hollande n’a donné aucun signe d’un quelconque soutien au candidat officiel du PS, alors même que plusieurs de ses ministres se rallient à Emmanuel Macron. L’agenda du chef de l’Etat parle de lui-même: quand Benoît Hamon prononçait à Bercy le discours décisif de sa campagne, le 19 mars, François Hollande était… au château de Chambord, où il inaugurait des jardins à la française.
Marginalisé par son renoncement et une campagne totalement imprévisible, le président a encore un mois et demi pour peser sur le cours des choses. L’avenir dira si les Français auront été sensibles à ses messages d'adieux.