EDITO - "Le débat n’a pas assez insisté sur les affaires et ce n’est pas normal!"

La date n'avait rien d'officiel mais la campagne présidentielle a bel et bien été lancée lundi soir avec le premier débat télévisé. Benoît Hamon, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont opposés pendant plus de trois heures où chacun a pu dérouler son programme. Mais loin d'un affrontement ultime, les échanges ont été plutôt policés sans réelles attaques frontales.

> Christophe Barbier: "On voulait des idées, on en a eu"
"C’était une réussite puisqu’on voulait du fond, on voulait des idées, on en a eu. On a eu, par chacun des candidats, un exposé, généralement assez clair, assez pédagogique, des principales idées sur les sujets proposés. Sur la réforme des retraites, par exemple, un citoyen peut comparer toutes les méthodes proposées, de la méthode la plus chirurgicale, celle de François Fillon, à celle qui fait le plus de cadeaux, on est plutôt chez Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
C’était assez intéressant de débuter avec ce débat des cinq candidats et de garder pour BFMTV le débat du 4 avril la variété avec les six autres candidats, c’est-à-dire la globalité du paysage démocratique. Ça a déblayé, si j’ose dire. Mais ça n’a pas été un débat décisif. D’abord parce que les candidats se sont globalement, malgré quelques passes d’armes, épargnés. On n’a pas assez insisté sur les affaires. On n’a pas entendu le mot 'assistant parlementaire', on a pas entendu le mot 'costume'. Et ça ce n’est pas normal.
C’est un débat où chacun a cherché à occuper sa position. Marine Le Pen fait du social parce qu’elle veut avoir les classes populaires et elle dénonce ses ennemis, l’Europe et l’Islam. Emmanuel Macron, d’une manière un peu en trompe-l’œil à mon avis, a occupé sa position centrale, donnant des bons points à tout le monde pendant la soirée, même à Marine Le Pen sur l’autisme, François Fillon sur certaines réformes. Il a donc occupé la position de celui qui veut prendre les bonnes idées mais on ne peut pas dire qu’il a apporté une ou deux idées révolutionnaires. Chacun a gardé les cartouches de la nouveauté pour plus tard."

> Laurent Neumann: "Il n’y a pas de vrai vainqueur"
"C’était un débat utile. Enfin de la politique! C’est comme si la campagne avait enfin commencé. Je l’ai trouvé sérieux à certains moments. Je l’ai trouvé trop dense, trop long, à d'autres. Quinze sujets pour cinq candidats, même sur trois heures, c’est trop long. Franchement, 30 secondes pour répondre à la question 'Comment évite-t-on des attentats', ce n’est pas sérieux.
Il aurait mieux fallu évacuer des sujets et surtout il n’a pas été décisif. Il n’y a pas de vrai vainqueur qui a écrasé le match, il n’y a pas de vrai perdant qui est définitivement distancé. Donc c’est utile, donc on attend le suivant.
On a quand même découvert un certain nombre de surprises. D’abord la manière très virulente qu’a eu Benoît Hamon d’attaquer systématiquement Emmanuel Macron. On aurait pu imaginer que ses adversaires, sorti de la primaire, étaient François Fillon et Marine Le Pen. Cela posera un problème si Emmanuel Macron est qualifié pour le second tour parce que ces deux-là devront, à un moment donné, se retrouver.
J’ai trouvé Jean-Luc Mélenchon très bon et d’une manière il a fait ce que Benoît Hamon n’a pas fait. François Fillon a réussi à trouver ce qu’il était venu chercher, évacuer les affaires. Disons la vérité: et lui, et Marine Le Pen ont été assez peu mis en danger sur les affaires. François Fillon, il a tenu bon, et notamment sur certains passages comme les 35 heures, les retraites. Il a tenu bon et pourquoi? Parce que son programme, c’est son seul et unique bouclier."