Chrétiens d'Orient: comment Emmanuel Macron cherche à séduire la droite conservatrice

Emmanuel Macron à l'Elysée le 20 janvier 2022 - Geoffroy VAN DER HASSELT © 2019 AFP
Ne pas laisser le sujet à ses concurrents. A 68 jours du premier tour, Emmanuel Macron s'empare du sujet des Chrétiens d'Orient et envoie un signal fort à l'électorat catholique français.
Après les déplacements d'Éric Zemmour puis de Valérie Pécresse en décembre en Arménie à seulement quelques jours d'écart, le président de la République reçoit ce mardi soir à l'Élysée 150 invités engagés pour la défense de cette population discriminée depuis plusieurs décennies.
400.000 électeurs d'origine arménienne
Ce pays du Caucase, souvent présenté comme le "berceau du christianisme", fait l'objet d'une stratégie électorale bien rodée pour les candidats en 2022. Au moment où le pays sort d’un conflit armé face à l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, les deux voisins et ennemis d'Erevan, les candidats espèrent que ces marques de soutien puissent se transformer en bulletins de vote.
Et pour cause. La communauté arménienne en France représenterait environ 600.000 personnes dont 400.000 électeurs, selon les chiffres du Centre de recherches sur la diaspora arménienne (CRDA).
S'adresser aux électeurs de Valérie Pécresse
Mais au-delà de la tentative de chasser une clientèle électorale, l'histoire de ce territoire a l'avantage de résonner avec les thématiques portées par une partie de la classe politique, inquiète du déclin du catholicisme. Avec un objectif: séduire une frange des électeurs catholiques sensibles à la défense des Chrétiens d'Orient.
Le directeur de l'association Œuvre d’Orient, Monseigneur Pascal Gollnisch, sera d'ailleurs décoré de la légion d'honneur lors de cette soirée
Le calcul vise à attirer les électeurs qui pourraient être tentés par un vote en faveur de la candidate des LR au premier tour. Valérie Pécresse et Marine Le Pen sont en effet au-coude-à-coude pour accéder au second tour face au locataire de l'Élysée.
IVG et fin de vie
Emmanuel Macron a d'ailleurs multiplié ces derniers temps les clins d'œil à l'électorat pratiquant.
"L’IVG est une conquête immense pour les femmes et pour les hommes, pour la dignité et l’humanité de tous. Mais je mesure le traumatisme que c’est d’avorter", a ainsi déclaré le président dans les colonnes du magazine Elle en juillet dernier.
Le texte allongeant la durée légale de l'avortement de 12 à 14 semaines devrait cependant être adopté avant la fin du mois de février.
Autre signal: celui de ne pas s'engager à légiférer sur la fin de vie alors que sa majorité parlementaire a tenté à plusieurs reprises de s'emparer du sujet. Un calcul qui pour l'instant s'est révélé payant. Selon un sondage Ifop réalisé pour La Croix, les pratiquants ont massivement délaissé le vote LR lors des dernières élections au profit de La République en marche.