Maintien des municipales: Bayrou reproche aux oppositions "un manque de civisme"

Au sein de la classe politique, la gravité de la crise du nouveau coronavirus fait une relative unanimité. Il est loin d'en aller de même sur la question des élections municipales, dont le premier tour du 15 mars a été maintenu malgré l'épidémie, et qui fait l'objet de nombreuses critiques. Une décision aujourd'hui soupçonnée d'avoir participé à la propagation du Covid-19, plusieurs élus ou assesseurs ayant déclaré la maladie depuis. Pour François Bayrou, ce maintien est dû principalement à l'insistance des oppositions politiques.
"C'est fait, c'est fait, mais (...) il y a eu un manque de civisme", a tancé le patron du MoDem sur BFMTV et RMC ce mercredi. Et d'affirmer qu'Emmanuel Macron lui-même était plutôt favorable au report total de cette échéance électorale.
Refusant de pointer du doigt tel ou tel leader de la droite ou de la gauche, le maire de Pau a déclaré vouloir éviter de s'ébrouer dans des "polémiques internes au monde politique français". "Ce qui le font ne donnent pas sa place à ce sentiment de coresponsabilité qui doit nous animer tous", a-t-il poursuivi.
Âpres débats
Durant la semaine qui a précédé le premier tour, d'âpres négociations ont eu lieu entre l'Elysée, Matignon et plusieurs figures issues de la majorité et des oppositions.
Du côté du parti Les Républicains, le président du Sénat Gérard Larcher et le patron de l'Association des maires de France, François Baroin, ont insisté pour que le Français soient appelés aux urnes. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s'était quant à lui réjoui que le pays soit "capable de faire vivre la démocratie en pleine crise sanitaire".
Par ailleurs, le Conseil scientifique qui épaule Emmanuel Macron durant cette crise avait argué à l'époque que le fait de se rendre à ces élections ne poserait pas de risque sanitaire excessif.
"Ça fait très longtemps, très longtemps, que les questions qu'a eu à traiter le monde politique n'étaient pas des questions de vie ou de mort", constate pour sa part François Bayrou.
L'ex-candidat à l'élection présidentielle s'inquiète aussi de ce que "la société peut être entraînée vers une dissolution, vers des attitudes (...) de dispersion, d'antagonismes, qui menacent même la vie au sens propre de nos concitoyens".
Désir d'union nationale?
Selon lui, la décision du chef de l'État de finalement organiser les élections municipales a été guidée par la volonté de préserver une forme d'union nationale.
"Pour ma part, j'avais le sentiment que le risque était grand, mais je comprends aussi qu'on puisse dire, 'on va entraîner tout le monde, on ne va pas se lancer dans des décisions qui pourraient apparaître des uns contre des autres'", nuance François Bayrou.