Législatives: le programme des principaux partis à la veille du vote

Les députés dans l'hémicycle, à l'Assemblée nationale, le 23 avril 2013. - Martin Bureau - AFP
Avec des législatives si proches de la présidentielle, l'adaptation des programmes aux scrutins des 11 et 18 juin, n'a pas eu lieu. Ainsi, La République en marche!, le Front national ou La France insoumise, n'ont guère changé leurs visions pour le pays. Hormis les spécificités locales, au cas par cas, puisque ces élections nationales englobent évidemment des enjeux dans les circonscriptions auxquelles sont rattachés les candidats.
Du côté des Républicains et du Parti socialiste, la donne n'est pas la même, et la remise en question profonde. Les programmes des ex-candidats à la présidentielle que sont François Fillon et Benoît Hamon ont été sévèrement remaniés. Exit, par exemple, l'idée du revenu universel du socialiste, qui veut maintenant lancer son propre mouvement. Ou la hausse de 2 points de la TVA envisagée par le vainqueur de la primaire de la droite et du centre.
Avant le premier tour, passage en revue des principales mesures portées par les cinq partis arrivés en tête à la présidentielle, telles qu'ils les présentent eux-mêmes*.
> La République en marche!
Le programme reste strictement identique à celui du candidat Emmanuel Macron pour la présidentielle. Les 525 candidats finalement investis par le "mouvement présidentiel" ont dû s'engager "solennellement" à respecter le projet. En voici les mesures phares:
"Moraliser la vie politique en interdisant aux députés d’embaucher des membres de leur famille, de mener des activités de conseil et de cumuler plus de trois mandats identiques successifs.
Recruter 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires.
Réduire les cotisations sociales payées par les salariés, les indépendants et les fonctionnaires, en supprimant la taxe d’habitation pour 80% des Français, et en rétablissant les exonérations sur les heures supplémentaires.
Réduire les charges des entreprises, en abaissant à 25% l’impôt sur les sociétés, en réformant le marché du travail et en supprimant le Régime social des indépendants (RSI).
Limiter à 12 élèves par enseignant la taille des 12.000 classes de CP et de CE1 en Zone d’éducation prioritaire."
> Front national
Dans le parti de Marine Le Pen, les 144 propositions de la candidate sont toujours de mise. Mais la sortie, ou non, de l'euro constitue depuis le débat du second tour un sujet de discorde au sein même du parti. Le programme présidentiel parlait du "rétablissement d'une monnaie nationale", sans parler formellement ni de l'euro, ni du franc. Sous l'intitulé "Les thèmes qui vous préoccupent", le parti met en avant les problématiques suivantes tout en laissant aux candidats le choix de porter ceux qu'ils désirent dans leurs circonscriptions.
"Réorientation de l'Ecole vers ses missions premières et des savoirs fondamentaux: lecture, écriture et calcul.
- Agir sur les causes réelles du chômage en redonnant aux entreprises la capacité à se développer en portant les efforts sur la fiscalité et la simplification administrative.
Rétablissement des droits de douane dans le cadre d'un protectionnisme intelligent.
- Instauration d'une politique de tolérance zéro à l'égard de la délinquance. Augmentation des effectifs de la police et création de places de prison supplémentaires. Rétablissement des contrôles aux frontières et rétablissement de la "double peine" (renvoi des étrangers condamnés dans leur pays d'origine, NDLR).
Pour la lutte contre le terrorisme, rétablissement des frontières, sortie de l'espace Schengen et déchéance de la nationalité pour tous les binationaux. Expulsion de tous les étrangers liés à l'extrémisme radical. Fermeture des 130 mosquées extrémismes répertoriées."
- > Les Républicains
Par rapport au programme de François Fillon certaines ambitions ont été, pour les législatives, revues à la baisse. En préambule la synthèse programmatique il est bien indiqué, pour se démarquer d'En marche! (qui projette d'augmenter la CSG de 1,7%) qu'il n'est ni question d'augmenter la TVA, ni la CSG.
- "Baisse de 10% de l'impôt sur le revenu et suppression de l'ISF.
Sortie des 35 heures et rétablissement de la défiscalisation des heures supplémentaires, simplification et allègement du Code du travail.
- Ré-instauration des peines planchers automatiques. Construction de 16.000 places de prison sur cinq ans. 10.000 policiers et gendarmes en plus. Abaissement de la majorité pénale à 16 ans pour les mineurs récidivistes.
Contre le terrorisme, renforcement de la surveillance des fichés S, dissoudre les mouvements se réclamant du salafisme et de l'islamisme radical.
Supprimer 300.000 emplois publics sur le quinquennat. Baisser de 100 milliards la dépense publique pour la ramener à 50% du PIB."
> La France insoumise
Le programme de Jean-Luc Mélenchon avait été publié sous la forme d'un livre intitulé L'avenir en commun. Il reste d'actualité pour tous les candidats du mouvement. En voici une synthèse.
"Convocation d'une assemblée constituante pour en finir avec la Ve République et instaurer la VIe.
Interdire les licenciements boursiers et le versement de dividendes par les entreprises qui licencient en cas de difficultés économiques. Instauration d'un vote de défiance des salariés.
Mettre fin au tout carcéral en favorisant des peines alternatives. Rénover les locaux pénitentiaires, recruter des personnels. Supprimer la Cour de justice. Légaliser le cannabis.
- Séparer les banques d'affaires et les banques de détail. Contrôler les mouvements de capitaux. Etablir une échelle de 1 à 20 dans toutes les entreprises. Refuser les traités internationaux TAFTA et CETA.
Augmenter le smic net mensuel à 1.326 euros. Retraite à 60 ans à taux plein."
- > Parti socialiste
En bien mauvaise posture à l'issue de la présidentielle, le Parti socialiste fait de la parité son cheval de bataille pour les législatives. Les quelque 400 candidats se répartissent donc également entre les deux sexes et partagerons le socle programmatique suivant:
- "Développer l'industrie du futur, l'agro-écologie par un plan innovation et recherche. Réserver 50% des marchés publics aux PME et TPE.
Revaloriser de 50% la prime pour l'emploi. Déclarer la souffrance au travail grande cause nationale.
- Maintenir le budget de l'Education nationale. Limiter à 25 élèves par classes les CP, CE1 et CE2 et à 12 élèves dans les territoires dans les territoires de l'éducation prioritaires.
Moralisation de la vie publique. Pas plus de trois mandats successifs pour les parlementaires et les responsables d'exécutifs locaux.
- Poursuivre la baisse de l'impôt sur le revenu, mais pas de suppression de l'ISF."
* Par souci de concision, la rédaction des mesures a été reformulée sans en dénaturer le sens, ni l'intention. Cette liste n'est pas exhaustive.