Affaire Ferrand: le ministre accusé d'avoir privilégié son "intérêt personnel"

Alain Castel était l'avocat à l'origine de l'opération immobilière devenue l'affaire Ferrand - BFMTV
Le bras de fer se poursuit. Me Alain Castel, l'avocat à l'origine du montage immobilier qui vaut aujourd'hui des ennuis à Richard Ferrand, a assuré à BFMTV que le ministre de la Cohésion des territoires "a privilégié son intérêt personnel par rapport à l'intérêt de la mutuelle". Le proche d'Emmanuel Macron est passé à l'époque par une SCI détenue par sa femme pour faciliter la location de bureaux pour les Mutuelles de Bretagne, dont il était le directeur général au moment de la transaction en 2011.
"Je n'ai vu aucun problème sur le plan du droit civil, mais j'ai senti qu'il y avait un problème éthique dès qu'on m'a remis le compromis. Il n'y a pas conflit, mais Richard Ferrand a privilégié son intérêt personnel par rapport à l'intérêt de la mutuelle, puisqu'il a fait acheter par une SCI qui était détenue par sa femme au lieu de faire acheter par une mutuelle. C'est ça le problème", a déclaré Me Alain Castel.
Dans les colonnes du Parisien, l'ancien bâtonnier de Brest avait déjà fait part de "l'enfumage" dont il a été témoin, s'offusquant que Richard Ferrand n'ait pas fait acheter l'immeuble par la mutuelle, assurant que c'était pourtant "dans l'intérêt de celle-ci". "Elle faisait un prêt, engageait des travaux et se retrouvait quinze ans plus tard propriétaire d'un bien largement fructifié", a-t-il affirmé.
Les électeurs, seuls juges
Le principal intéressé, Richard Ferrand, a lui assuré qu'aucun élément nouveau n'a été apporté par les propos accusatoires d'Alain Castel. En déplacement à Deauville, dans le Calvados, pour promouvoir l'action des associations, le ministre de la Cohésion des territoires a assuré que "les déclarations nouvelles ne changent rien".
"Les déclarations nouvelles qui ont été faites ne changent rien à ce qui a été dit par le parquet de Brest, et surtout par ce qu'a dit le Premier ministre. Nous sommes dans une démocratie, et dans une démocratie, ce sont les électeurs qui marquent leur confiance à celles et ceux qui se présentent devant eux", a acté Richard Ferrand, réaffirmant se soumettre au jugement des citoyens aux élections législatives concernant sa place au gouvernement, en référence à la règle imposée par le président.
Pour l’heure, le Parquet national financier (PNF) a déjà annoncé qu'il n'ouvrirait pas d'enquête, indiquant que les "faits évoqués à ce stade n'entrent pas dans le champ de compétence du PNF". De son côté, le parquet de Brest a fait savoir que le procureur Eric Mathais a "procédé à une analyse juridique pour déterminer s'il devait se saisir et diligenter une éventuelle enquête". "Au terme de celle-ci", conclut-il, "il apparaît qu'en l'état, aucun des faits relatés n'est susceptible de relever d'une ou plusieurs qualifications pénales permettant d'ouvrir une enquête préliminaire".