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EDITO - Réponse du gouvernement aux violences de samedi: "il y a une impuissance" de l'exécutif

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Edouard Philippe a livré ce lundi la réponse gouvernementale aux violences de samedi à Paris, dévoilant l'ensemble des mesures chargées d'assurer le maintien de l'ordre. Nos éditorialistes ont jugé ce lundi soir le nouveau dispositif voulu par l'exécutif, et la réplique politique qu'il constitue.

La réponse du gouvernement était attendue depuis les débordements de samedi. Edouard Philippe l'a détaillée ce lundi après-midi. Dévoilant les mesures décidées par l'exécutif pour assurer le maintien de l'ordre autour des rassemblements de gilets jaunes, il a entre autres évoqué l'interdiction de manifestation dans des secteurs préalablement touchés par des violences si la présence de manifestants "ultras" était prévue dans les cortèges, ou encore l'augmentation de 100 euros environ, de 38 euros à 135 euros, en cas de participation à une manifestation interdite. La réplique gouvernementale est-elle à la hauteur des enjeux? Nos éditorialistes se sont penchées sur cette question ce lundi soir. 

> Apolline de Malherbe: "On verra l'efficacité de ces mesures dans les semaines à venir"

"On verra samedi et dans les semaines qui suivent si ces mesures sont efficaces. Vous savez, les figures des gilets jaunes disent qu'au fond les deux samedis prochains devraient être plus calmes et appellent à une journée marquant les esprits dans deux ou trois semaines. C’est à ce moment-là qu’il faudra faire le bilan de l’efficacité ou non des décisions prises aujourd’hui. Mais ils n’ont plus le droit à l’erreur depuis le saccage de l’Arc de triomphe qui était déjà très marquant et qui s’est déroulé il y a déjà quatre mois.
Et ce samedi c’était anticipable. Le ministre de l’Intérieur qui était sur notre plateau mercredi avait dit: ‘On sait que la manifestation de samedi est très périlleuse. On sait que des ultras veulent en découdre’. Que ne l’ont-ils empêché? Une des mesures phares du discours d’Edouard Philippe aujourd’hui, c’est la mise en vigueur de la loi anticasseurs. Elle a été débattue, votée, mais n’est toujours pas appliquée. C’est toute la difficulté de la démocratie, savoir où on met le curseur, entre l’autorisation ou non des manifestations."

A ces mesures, s'ajoute un renouvellement administratif aux airs de sanction. Dès mercredi, le préfet de la Gironde, Didier Lallement, remplacera Michel Delpuech dans ses fonctions de préfet de police de Paris. Notre éditorialiste, Anna Cabana, a livré son mot à ce propos. 

> Anna Cabana: "Limoger le préfet de police pour protéger Christophe Castaner"

"Ecarter Michel Delpuech est un symbole. Il fallait donner quelque chose. Il fallait manifester, démontrer, d’une manière assez éclatante et cinglante que l’exécutif rappelait tout le monde à l’ordre. Le préfet de police de Paris est donc victime de ce rappel à l’ordre. Ce n’est ni juste, ni injuste, c’est de la politique. C’est une décision politique, qui était nécessaire dans la mesure où ni le président de la République, ni le Premier ministre ne pouvait laisser les événements de samedi sans réponse. Or, ils n’allaient pas limoger le ministre de l’Intérieur. Car, pour le coup, ils ont considéré que c’eût été trop. Le limogeage du préfet de police de Paris, c’est pour protéger Christophe Castaner."

La journaliste a jugé durement l'ensemble du nouveau tableau sécuritaire exposé par l'exécutif: "Il y a une impuissance, ils n’ont pas la solution. L’extrême fermeté que l’on voit avec le menton plus hargneux que d’habitude, et les mots plus forts que d’habitude d’Edouard Philippe ne suffiront pas."

Apolline de Malherbe et Anna Cabana