ÉDITO - Manuel Valls va être dilué dans le groupe LREM

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Quel avenir à l'Assemblée pour Manuel Valls? L'ancien Premier ministre, dont la réélection comme député de l'Essonne est toujours contestée par la France insoumise, a été le paria des premières semaines de la nouvelle législature, jusqu'à être finalement admis comme "apparenté" au groupe La République en marche, après avoir quitté le Parti socialiste. Pour notre éditorialiste Christophe Barbier, c'est une manœuvre risquée pour l'ancien maire d'Évry.
"Manuel Valls va être dilué: un parmi 308. Seul parmi les non-inscrits, il aurait pu être en position de liberté d’expression. En plus, il est apparenté au groupe, il n’est pas un membre à part entière, donc il n’aura pas de poids spécifique. Le poids de Manuel Valls, c’est son passé. Il peut le décliner à travers la presse, ou à travers des amendements - 'j’ai été Premier ministre, je connais la loi, je connais l’Etat, je vous suggère de faire cette amélioration'. (...) Manuel Valls est réduit à son passé plus qu’à son présent de pseudo-marcheur ou de marcheur de la 25ème heure."
Longtemps rétif à l'idée de soutenir Emmanuel Macron, Manuel Valls avait en effet tenté de se rallier au camp présidentiel sur le tard pour résister à la vague "dégagiste". L'inimitié entre les deux hommes s'est soldée par une victoire écrasante de l'ancien ministre de l'Économie, à la fois politique et idéologique.
"Ce ralliement signe la victoire idéologique d’Emmanuel Macron, au-delà de la mésentente personnelle, estime ainsi Christophe Barbier. Manuel Valls est un social-libéral. Emmanuel Macron est un libéral-social : d’abord on aide les entreprises, on crée de la richesse, et après on fait du social. C’est-à-dire qu’avec cette richesse créée, on en profite de la solidarité. Voilà le triomphe idéologique d’Emmanuel Macron sur Manuel Valls."
Pourquoi, dans ce cas, a-t-il repêché Manuel Valls ?
"Emmanuel Macron est faible sur certains domaines: le régalien, la sécurité, où il fait des progrès, et la laïcité. Il va être intéressant de voir sur la laïcité comment Manuel Valls apporte à Emmanuel Macron un complément, voire un correctif", analyse Christophe Barbier.
Il ne faut pas s'attendre, cependant, à ce que Manuel Valls devienne un soldat parlementaire d'Emmanuel Macron, montant au créneau contre Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen:
"C’est un vrai défi que la présence de ces forces tribunitiennes à l’Assemblée, et je ne pense pas que Manuel Valls se dévoue pour aller contrer ces monstres-là. C’est plutôt sur des thématiques qu’il va vouloir faire des différences, pour signer son retour. (...) Ça dure longtemps une carrière politique, et on a vu beaucoup d’anciens premiers ministres redevenir populaires, par exemple Raymond Barre ou Michel Rocard."