EDITO - Conférence de presse d'Emmanuel Macron: "des chantiers et pas des réalisations"

Emmanuel Macron - BFMTV
BAROMÈTRE DES ÉDITORIALISTES - Christophe Barbier et Apolline de Malherbe analysent la première conférence de presse à l'Elysée d'Emmanuel Macron au cours de laquelle le président a présenté un large catalogue de mesures.
Attendues depuis des jours, Emmanuel Macron a dévoilé ses mesures pour sortir de la crise jeudi soir lors de sa première conférence de presse à l'Elysée. Pendant plus de deux heures, il a détaillé ses annonces sur la fiscalité, l'éducation, les retraites ou encore la vie démocratique. Le président de la République a d'ailleurs relevé "les justes revendications à l'origine du mouvement". Mais pour autant, il estime que les "transformations" impulsées par le gouvernement français "ne doivent pas être arrêtées".
>> Christophe Barbier: le président n'était pas là "pour calmer ou éteindre" le mouvement des gilets jaunes
"Sur la réponse financière apportée à ceux qui sont en difficulté, je pense que le président a fait le maximum. En effet, ce sont des sommes colossales qu'on a du mal à financer parce qu'on ne voit pas la baisse des dépenses qui est mise en face de ces gains de pouvoir d'achat.
Est-ce de nature à calmer les gilets jaunes? Bien sûr que non. Les gilets jaunes vont rester en colère, mais le président n'était pas là pour calmer ou éteindre ce mouvement avec des gens qui ne voteront jamais pour lui. Il considère que c'est un mouvement résiduel et il s'est adressé à un autre électorat. En l'occurrence le sien, qui voulait voir la continuité des réformes, et des électorats périphériques.
Il est allé parler aux électeurs de droite en leur parlant de la lutte contre l'islam politique, des frontières de Schengen qu'il faut durcir, et des impôts. Il est allé parler aux électeurs de gauche, presque socialistes, en expliquant qu'on ne ferait peut-être pas les 120.000 postes en moins dans la fonction publique, qu'on ouvrirait des maisons de services publics et que l'on travaillerait pour améliorer la prise en compte de l'écologie. Il a parlé à ses électeurs périphériques et, de ce côté-là, c'était plutôt habile."
>> Apolline de Malherbe: sur l'écologie, "il aurait pu créer une forme de révolution"
"On a l'impression que l'écologie était quand même le parent pauvre. D'abord, le sujet est arrivé assez tard dans l'intervention du président. Et puis, il parle d'un pacte productif, d'un conseil de défense écologique et enfin d'un agenda des transitions avec des objectifs et des normes, mais il ne dit pas lesquelles. Il ne dit pas concrètement ce que l'on va faire pour le plastique et pour les déchets. Il n'y a pas de changement dans les gestes de la vie quotidienne.
Il n'y a pas non plus de pression mise sur les grandes entreprises. D'ailleurs, c'est l'une des choses où il s'est beaucoup retenu hier. Et pourtant, il a été interrogé par les journalistes sur la responsabilité, notamment des grands patrons, dans toutes les questions sociales et écologiques du moment. Là encore, il ne va pas demander de faire davantage.
La question c'est: qu'est-ce qui va se perdre entre le producteur Emmanuel Macron et le consommateur citoyen? Qu'est-ce qui va nous rester dans les assiettes? Il y a du discours volontaire, il y a des mots, mais on a quand même le sentiment que ce sont surtout des chantiers et pas des réalisations. Sur l'écologie, voilà un domaine sur lequel il aurait pu renverser la table. Il aurait pu créer une forme de révolution. Mais ça arrive très tard dans ses décisions et ce n'est pas hyper concret."