Duel Copé-Fillon : malaise à l’UMP

Jean-François Copé et François Fillon - -
Ils ne savent plus à quel saint se vouer. A l’UMP, députés et ténors du parti attendent que le duel entre François Fillon et Jean-François Copé se termine, une guerre fratricide qui a installé un malaise dans les rangs des politiques bien conscients des dégâts sur leur image. Après avoir reconnu sa défaite, François Fillon a en effet annoncé qu’il contestait la victoire de son rival, les résultats de trois départements d’Outre-mer n’ayant pas été comptabilisés par la Cocoe, la commission électorale du parti. Or, en ajoutant ces chiffres, François Fillon dépasse Jean-François Copé de… 26 voix.
Mercredi soir, l’ancien Premier ministre annonçait qu’il ne briguait plus la tête de l’UMP mais appelait à une direction collégiale sous l’égide d’Alain Juppé, une proposition immédiatement rejetée par Jean-François Copé.
« L’amertume et la rancune ne sont pas des valeurs en politique »
« Jusqu’à quand allons-nous chercher dans les tiroirs les bulletins égarés ?, s’interroge Henri Guaino, député UMP des Yvelines et soutien de Jean-François Copé. Moi, je vais peut-être en trouver aussi dans ma circonscription. Les résultats ont été proclamés et dans n’importe quelle démocratie au monde, les résultats proclamés avec l’accord des deux candidats et leurs représentants, ce sont les résultats. L’amertume et la rancune ne sont pas des valeurs en politique, en tous cas pas celles d’un homme d’Etat. Continuons comme ça, les Français nous le rendront, et ce sera normal, ce ne sera que justice », estime l’élu.
« Ça finit par ressembler à du sabordage »
Philippe Gosselin, le député UMP de la Manche, partage le même point de vue et dit craindre une implosion de l’UMP. « Ça finit par ressembler à du sabordage effectivement, car encore une fois il y avait des représentants de Fillon à la Cocoe, tout le monde a eu en main les PV pendant plus de 20h, et là, deux jours après, on nous dit "on aurait oublié trois fédérations d’Outre-mer". Je dis "ça suffit" ! Ou alors, s’il y avait contestation, il fallait le dire pendant la rencontre de la Cocoe. Honnêtement, c’est impossible ».
« Fillon demande juste la vérité »
Mais du côté des soutiens des François Fillon, il paraît évident qu’il faut refaire le calcul en prenant en compte les résultats oubliés, comme le demande Eric Woerth, le député UMP de l’Oise. « Il demande juste la vérité, et c’est normal. Ne pas demander la vérité, c’est se moquer des électeurs et des militants.
On doit dans une élection compter tous les votes, les votes de l’Oise ne valent pas plus que ceux de Mayotte et tous les votes doivent être comptés. Il en va de la crédibilité du nouveau président qui doit être élu sur la base de l’ensemble des électeurs ».
« Sortons du psychodrame »
Enfin, pour certains, la crédibilité du nouveau président du parti est déjà abimée, quel qu’il soit. « Ça se joue à quelques voix, il n’y a pas de vainqueur, pas de vaincu, mais un équilibre », estime Bruno Le Maire. Le député UMP de l’Eure appelle donc à l’apaisement : « Quand il y a un équilibre entre l’un et l’autre, on fait une place à chacun, on se remet au travail et on remplit notre rôle de première force d’opposition en France. Mais sortons du psychodrame le plus vite possible. Jamais nos militants ne nous pardonneront la persistance de ce psychodrame pendant plusieurs jours ».
« Nous n’avons personne de légitime »
Benoist Apparu, proche d’Alain Juppé qui n’avait soutenu ni Jean-François Copé ni François Fillon, veut donc croire dans une troisième voie, comme celle proposée par l’ancien Premier ministre. « Le résultat, c’est qu’aujourd’hui nous n’avons personne de légitime, estime le député UMP de la Marne. François Fillon n’est pas reconnu victorieux. La légitimité de Jean-François Copé est limitée, car s’il se confirme que trois départements n’ont pas été comptabilisés, il n’y a plus de légitimité à la décision de la Cocoe. Quand vous êtes dans une impasse, vous demandez à une tierce personne de régler le conflit. On ne peut pas continuer comme ça ».