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Conférence environnementale: Hollande promet une "écologie citoyenne"

François Hollande jeudi lors de la troisième Conférence environnementale organisée pour la première fois à l'Elysée.

François Hollande jeudi lors de la troisième Conférence environnementale organisée pour la première fois à l'Elysée. - Michel Euler - AFP

Dans un an pratiquement jour pour jour, Paris accueillera la Cop21, la conférence internationale sur le climat, à l'initiative du président de la République. Jeudi, lors de l'ouverture de la 3e conférence environnementale, le chef de l'Etat a affirmé qu'il entendait "laisser sa trace" avec un "accord historique" sur le climat. François Hollande serait-il devenu le nouveau défenseur de la planète?

C'est un nouveau François Hollande, plus vert, qui a ouvert jeudi la troisième conférence environnementale organisée pour la première fois à l'Elysée. Ces derniers temps, des mots qui ne faisaient pas partie de son vocabulaire, sont apparus dans ses discours. "Le premier enjeu est celui du climat", a-t-il ainsi dit devant la Communauté du Pacifique le 19 novembre. "Il y a urgence", a-t-il insisté, "très ému" par les témoignages, quelques semaines plus tôt à New York, des dirigeants des petites îles menacées par la montée du niveau des mers.

La conversion est soudaine, François Hollande le reconnait lui-même. "On me demande souvent à partir de quand je suis devenue écologiste (… ) A partir du moment où je suis arrivé aux responsabilités du pays parce que à un moment il faut laisser sa trace", a-t-il expliqué, jeudi, pour conclure son discours lors de la conférence environnementale à l'Elysée.

"Après les droits de la personne, nous allons poser les droits de l'humanité. Le droit pour tous les habitants de la Terre à vivre dans un monde où le futur n'est pas compromis par l'irresponsabilité du présent", s'est enthousiasmé le Président au sujet de la Cop21, la conférence internationale sur le climat, qui se tiendra à Paris en 2015, à son initiative.

Les écologistes restent très prudents

"Sa culture et son histoire étaient plutôt liées aux questions économiques et sociales. Au fur et mesure, la question de l'écologie est apparue comme un élément majeur du débat de demain", expliquait mercredi le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.

Et pourtant en France, le financement de la transition écologique reste incertain, le gouvernement a reculé sur l'écotaxe, continue d'entretenir le doute sur la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, il donne des gages au syndicat agricole productiviste FNSEA en facilitant l'extension des porcheries industrielles… Au Canada, début novembre, François Hollande vantait les entreprises françaises engagées dans la recherche et l'exploitation pétrolières, tout en encourageant Ottawa à en faire plus pour l'environnement.

Les écologistes, qui ont quitté le gouvernement, restaient donc très prudents avant le début de la conférence. "J'ai envie d'y croire, mais pour qu'on puisse y croire il faut qu'il y ait des actes", prévient l'ex-ministre écologiste, Pascal Canfin. Le député européen EELV a en tête des "dizaines d'exemples où il y a une sorte de grand écart, voire de contradiction entre ce que François Hollande dit d'un côté dans des grandes instances internationales comme l'ONU et le G20 récemment, et ce qu'il pratique concrètement avec les politiques françaises".

Yves Cochet "pas convaincu"

L'écologiste Yves Cochet ne se dit "pas convaincu" par cette récente conversion. "Il faut des décennies pour devenir écolo et surtout pour mettre en œuvre une politique", estime l'ancien ministre de l'environnement, qui a entendu un discours avec "beaucoup de contenu" mais parfois contradictoire. Pour cet apôtre de la décroissance et de la sobriété, "la croissance verte" louée à l'Elysée, est une "oxymore, une contradiction".

Une annonce concrète contre l'utilisation du charbon

Si la Cop21, la conférence internationale sur le climat, se tiendra à Paris, c'est à l'initiative du président de la République. Il veut éviter à tout prix une réédition de la dernière conférence climatique de Copenhague en 2009, conclue sur le constat amer d'un échec. En cas de réussite, elle pourrait l'aider en effet à redorer son blason et cette opération de greenwashing ne serait pas qu'une opération de communication opportuniste.

Au-delà des mots, François Hollande a donc annoncé une mesure concrète jeudi: la suppression de "tous les crédits" à l'exportation "accordés aux pays en développement dès lors qu'il y a utilisation du charbon", afin de renforcer l'action de la France dans la lutte contre le changement climatique. "Au niveau européen, nous ferons en sorte que les subventions aux énergies fossiles soient supprimées à terme", a également déclaré le président de la République. C'était justement l'une des demandes que lui faisaient les écologistes.

Karine Lambin