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Politique

"C'est un esprit de dictateur": le député Nupes Louis Boyard fustige le recours au 49-3 du gouvernement

Louis Boyard à Aubervilliers le 7 mai 2022

Louis Boyard à Aubervilliers le 7 mai 2022 - JULIEN DE ROSA / AFP

Le député Nupes-LFI du Val-de-Marne dénonce le choix d'Élisabeth Borne d'avoir recouru par deux fois au 49-3, balayant les débats parlementaires.

Après le déclenchement, par deux fois, du 49-3 par Élisabeth Borne, Louis Boyard est remonté. Le député Nupes-LFI du Val-de-Marne est revenu, dans un entretien accordé au Point et publié ce samedi, sur cette semaine de débats parlementaires et la décision du gouvernement de passer en force le buget de l'État, appelé projet de loi de finances (PLF), ainsi que le "budget de la Sécu", à savoir le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).

"On réussissait à avancer"

Et le jeune député ne décolère pas: "C'est le rôle de la représentation nationale de faire le budget de l'État, pas celui du gouvernement". "Grâce aux débats, on a gagné l'exit tax et une taxe sur les super dividendes, et on aurait pu continuer. La Première ministre sort le 49.3 parce que ça ne lui plaisait pas de voir la représentation nationale élaborer son propre budget, alors que c'est comme ça que ça doit se passer", s'indigne-t-il.

À l'instar de ses collègues de la Nupes et d'autres députés d'opposition, comme le Rassemblement national, Louis Boyard regrette que le gouvernement ait mis fin au débat parlementaire. "Élisabeth Borne a elle-même admis que les débats étaient de bonne qualité. On réussissait à avancer, à faire passer des amendements… Ce n'est pas vrai de dire qu'on ne veut pas avancer", assure-t-il.

"Pourquoi utilise-t-elle le 49-3? Parce que ce qui est voté à l'Assemblée ne lui plaît pas. C'est un esprit de dictateur: ils ne peuvent pas accepter que la représentation nationale vote des choses qui ne sont pas de la volonté du président de la République", ajoute-t-il.

La discorde des motions de censure

La Nupes a d'ores et déjà déposé deux motions de censure, dénonçant notamment un "acte d'autorité" et "une nouvelle atteinte portée à l'exercice de la démocratie". "Le rôle d'une opposition, c'est de s'opposer. Qu'est-ce qu'on devrait faire? Ne pas déposer de motion de censure, se taire et faire comme si de rien n'était?", justifie le député du Val-de-Marne.

Pour lui, chacun doit "prendre ses responsabilités", et notamment les députés LR, la "clé du problème". "Ils sont devenus une majorité élargie puisque c'est une opposition qui ne s'oppose pas. Les LR ont peur de la clarification politique", fustige-t-il, tandis que Les Républicains n'ont pas déposé de motion de censure.

Louis Boyard ne votera toutefois pas la motion de censure du Rassemblement national, déposée après le premier 49-3, tandis que le reste de son groupe reste divisé sur la question. "La motion de censure du Rassemblement national parle d'un record d'impôts. On ne peut pas voter cela dans un moment où on n'a jamais eu autant besoin de la solidarité nationale. Il faut aussi que la classe politique se rappelle qu'il faut lutter contre l'institutionnalisation du RN", défend-il.

Fanny Rocher