Bayrou juge le gouvernement trop technocratique

François Bayrou - JOEL SAGET / AFP
La mode est aux revenants: après François Hollande, qui critiquait mardi les "sacrifices inutiles" demandés aux Français, c'est au tour de François Bayrou, silencieux depuis sa démission du ministère de la Justice, de dire ce jeudi dans Le Point ses réserves quant à l'action du gouvernement.
Les reproches de l'ancien garde des Sceaux s'adressent surtout à des ministres - et notamment au premier d'entre eux - qui peinent à exister à l'ombre de "Jupiter". De là découle, selon le maire de Pau, un manque de pédagogie de l'action:
"L'opinion ne voit pas clairement la direction, le but, que le gouvernement se fixe", estime-t-il.
Des ministres techniciens ? Soit, mais le pur politique qu'est François Bayrou s'alarme de la vision technocratique et financière en vogue dans les ministères:
"C'est un fondement démocratique que d'avoir un gouvernement de plein exercice, explique le professeur Bayrou. Il doit mêler des expériences différentes, des membres de la société civile comme des poids lourds politiques, mais il est important que ce soient eux qui dictent la ligne à l'administration de Bercy ou aux autres grands corps de l'État. Aujourd'hui, c'est là qu'il y a une difficulté: les hauts fonctionnaires semblent avoir plus de poids que par le passé."
Un changement d'équilibre, en partie voulu par Emmanuel Macron, dont les effets pervers n'échappent à personne, à commencer par le président lui-même. En conseil des ministres, le chef de l'Etat lançait récemment: "Ce qui me remonte actuellement dans certaines de vos notes, c'est du pipi de chat !".
Aux yeux de François Bayrou, la majorité parlementaire, "fébrile et manquant de racines", n'a rien pour rassurer, à l'approche d'une rentrée explosive. Il prévient d'ailleurs le président de la République: "la bienveillance" initiale des Français n'est pas "une preuve d'engagement".