Aubry en quête d'un consensus général pour son successeur

Martine Aubry a assuré mercredi que le choix de son successeur à la tête du Parti socialiste, qui est perçu par certains ténors du PS comme une désignation imposée aux militants, relèverait d'un "consensus général" et pas d'une décision personnelle. /Phot - -
PARIS (Reuters) - Martine Aubry a assuré mercredi que le choix de son successeur à la tête du Parti socialiste, qui est perçu par certains ténors du PS comme une désignation imposée aux militants, relèverait d'un "consensus général" et pas d'une décision personnelle.
"Je discute avec tout le monde pour que chacun trouve sa place et que notre candidat au premier secrétariat soit choisi par un consensus général", a dit la maire de Lille sur France Inter.
"J'entends dire que je choisis toute seule dans mon bureau. Eh bien non, qu'à cela ne tienne ! Je continue, et là j'arrive pratiquement au bout, à entendre chacun. Vous allez voir, je suis désolée, je crois que les choses vont bien se passer", a-t-elle ajouté.
Plusieurs figures du PS se sont élevées contre le processus de succession de Martine Aubry, estimant qu'il reviendrait à introniser le candidat de la première secrétaire sortante.
Celle-ci a répondu que les militants auraient à se prononcer lors d'un vote de toutes les sections prévu en octobre, avant un congrès qui se réunira à Toulouse.
Le problème est que la personnalité désignée par la maire de Lille figurera en tête des signataires de la motion de rassemblement que celle-ci présentera avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, et qui est assurée de réunir une large majorité au congrès.
Deux candidats sont pour l'instant officiellement déclarés, le numéro deux du PS Harlem Désir et le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis.
PEILLON SOUTIENT DÉSIR
Alors que Martine Aubry doit faire connaître son choix avant le 12 septembre, le premier a pris ses distances avec le processus de sélection en appelant à un vote "libre, ouvert" des militants.
Le second publie une tribune dans le Monde daté de jeudi pour expliquer ses objectifs mais ne dit rien sur le sujet.
Le sénateur de la Nièvre Gaëtan Gorce, qui a déjà accusé la méthode "mi-soviétique, mi-vaticane" de Martine Aubry, a estimé mercredi que ce serait une faute politique que de ne pas organiser de vote en bonne et due forme.
"A chaque fois qu'on fait reculer la démocratie, on prend le risque d'entretenir des querelles souterraines qui finissent toujours par ressurgir", a-t-il déclaré sur France Inter.
"Rendre service au Parti socialiste aujourd'hui, c'est lui dire que Martine Aubry et ceux qui l'accompagnent font une faute politique en n'organisant pas un vote."
Membre de l'aile gauche du PS, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann a déploré ce qu'elle considère comme un "raidissement". "La cohésion d'une majorité, ça se construit, ça ne s'impose pas à la discipline", a-t-elle dit sur France Info. "On a une vieille tradition de tribus gauloises, s'ils s'imaginent que c'est avec un coup de sifflet que tout le monde va rentrer dans le rang, c'est pas vrai."
Interrogé sur BFM-TV et RMC, le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon a apporté son soutien à la candidature d'Harlem Désir.
"Quand vous regardez le PS depuis deux ans, il a réussi à bien se rénover. Celui qui a permis cette rénovation à côté de Martine Aubry et permet aujourd'hui, à mon avis, le plus grand rassemblement, c'est Harlem Désir. Pour moi c'est le successeur naturel. Je crois qu'il faut avancer et se rassembler autour de lui."
Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse