Attentats de Paris: Nicolas Sarkozy ébranle "l'union nationale"
Manuel Valls l'a assuré dimanche: "dans une guerre ce qui est essentiel c'est l'union sacrée". Et revêtant une nouvelle fois son costume de rassembleur, François Hollande a reçu dimanche matin son prédécesseur et patron de Les Républicains, Nicolas Sarkozy.
Dans l'après-midi, le chef de l'Etat reçoit l'ensemble des dirigeants politiques, avec le même "objectif de rechercher l'unité pour décider et agir", assure-t-on, précisant que cette thématique sera "au cœur" du discours du président lundi devant le Parlement réuni exceptionnellement en Congrès à Versailles.
Mais à l'issue d'un entretien de plus d'une heure entre les deux hommes dimanche matin, Nicolas Sarkozy a tiré à boulets rouges dans la cour de l'Elysée sur la politique de son potentiel rival en 2017, à la fois sur les plans intérieur et international. Il a notamment réclamé des "modifications drastiques" de la politique de sécurité, qui à ses yeux ne permet pas aux Français de se "sentir en sécurité", prônant également "une inflexion" de sa politique étrangère en Syrie.
Nicolas Sarkozy a ainsi appelé son successeur à coopérer avec la Russie contre le groupe Etat islamique, alors que l'exécutif reproche à Moscou des frappes visant surtout à protéger le régime de Bachar al-Assad.
Le président du parti Les Républicains a été jusqu'à reprocher à l'actuel locataire de l'Elysée d'avoir employé le terme "guerre" contre le jihadisme, soulignant que ce n'est "pas un mot qu'on prononce au hasard, avec légèreté". Il l'avait pourtant lui-même utilisé samedi en déclarant: "la guerre que nous devons livrer doit être totale". L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a aussi récusé "l'idée d'être en guerre", car selon lui "c'est faire le jeu de l'ennemi".
La vigueur de ces critiques tranche avec l'unanimité de la classe politique ayant prévalu après les attentats de janvier.
Désaccord entre Sarkozy et Juppé sur "l'unité nationale"
L'unité est difficile à faire au sein de Les Républicains également. Réunis dimanche au siège du parti avec les principales personnalités du parti, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont exprimé leurs divergences sur "l'unité nationale", défendue par le maire de Bordeaux, le président du parti préférant parler de "solidarité" avec le gouvernement.
"Les Français ne veulent pas qu'on parlent d'unité. Depuis les attentats de janvier, ils ont le sentiment qu'il ne s'est pas passé grand-chose", a affirmé Eric Woerth.
Au centre, Jean-Christophe Lagarde (UDI) a lui aussi exprimé des réserves, en appelant François Hollande à "faire réellement la guerre" contre les "barbares de Daesh", et "pas seulement avec des moyens secondaires".
Du côté du FN, si Marine Le Pen a ressorti sa série de mesures musclées, à l'encontre du "fondamentalisme islamiste" mais aussi des "clandestins", elle s'est abstenue de s'en prendre directement au chef de l'Etat. Ce qui n'est pas le cas du député du Gard Gilbert Collard, allié au FN, qui a publié samedi sur son site un communiqué appelant à la "démission" de François Hollande.