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Affaire des "écoutes": la droite suspendue au jugement concernant Nicolas Sarkozy

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À un peu plus d'un an des élections présidentielles, le flou réside encore autour d'une potentielle candidature de l'ancien président. Une potentielle condamnation éloignerait ce scénario.

La décision du tribunal correctionnel de Paris sera, quelle que soit l'issue, extrêmement lourde de conséquences. À partir de 13h30 ce lundi, la présidente de la 32e chambre, Christine Mée, doit commencer la lecture du jugement et dire si Nicolas Sarkozy est reconnu coupable ou non des délits de corruption et de trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes."

À un peu plus d'un an de l'élection présidentielle de 2022, la réponse sera décisive à bien des égards. En effet, si Nicolas Sarkozy a souvent fait part de sa volonté de tirer un trait sur carrière politique, la nature a toujours autant horreur du vide. Et en l'absence de candidat naturel à droite, l'ex-chef de l'État a toujours le statut de dernier recours pour certains. Un retour qui ferait le bonheur de nombreux partisans LR, encore très attachés à l'image de l'ancien chef d'État, mais qui pourrait être rendu impensable par une éventuellement condamnation ce lundi.

Ira ou ira pas?

"Mon retour n’est pas d’actualité, ni pour aujourd’hui, ni pour demain. J’ai tourné la page", aurait selon L'Opinion, martelé Nicolas Sarkozy auprès du ministre de l’Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui lui a récemment rendu visite.

Pour autant, ce statut d'homme providentiel laisse à l'actuel membre du Conseil constitutionnel une marge de manœuvre importante pour les mois à venir, lui qui a également affirmé que son éventuelle candidature pouvait être conditionnée par des "circonstances exceptionnelles". Selon un député LR interrogé par le même média, ces circonstances pourraient correspondre à "des violences" qui émailleraient alors le pays, sans plus de précisions.

En réalité, la situation reste extrêmement floue, et les différents élus et cadres qui ont tenté de sonder Sarkozy, qui semble se plaire à brouiller les pistes, s'y sont cassé les dents. "Il a très envie de revenir", estime un député interrogé par Libération, tandis qu'un second estime avoir "compris depuis longtemps qu’il ne reviendrait pas."

“On en reparlera plus tard, car une élection se cristallise dans les derniers mois", aurait-il lancé à un autre de ses visiteurs.

L'hypothèse Macron

La présence ou non de Nicolas Sarkozy dans la course à l'Élysée pourrait également être subordonnée à une autre condition, celle de l'absence de candidature d'Emmanuel Macron. Selon L'Opinion, l'ancien locataire de l'Élysée a assuré qu'il ne se présenterait que si l'actuel président était absent des débats pour 2022.

Dans le cas contraire, si Emmanuel Macron l'emportait pour un second mandat, alors Nicolas Sarkozy pourrait, selon l'un de ses proches interrogés par Libération, s'occuper de faire "le pont avec les LR qui prendraient part à une grande coalition: "Cela lui permettrait de garder un rôle… et d’éviter qu’un autre président de droite ne l’éclipse."

"Il ne veut pas faire du Hollande, tomber dans une sorte d’indignité où un président en agresserait un autre", souligne l'une de ses visiteuses auprès du journal.

Toujours populaire à droite

Alors que les différents partis affûtent leurs armes pour l'échéance de 2022, le flou règne donc chez les Républicains. Or, selon un sondage de 2019 de l'institut Elabe pour BFMTV, l'ex-chef de l'État demeure la personnalité la plus populaire auprès des sympathisants du parti de droite, devant Xavier Bertrand, président de la Région des Hauts-de-France.

En revanche, à l'échelle du pays, les avis sont plus mitigés. Si Nicolas Sarkozy n'engrange que "la sympathie" ou "le soutien" que de 30% des Français, ils ne sont, selon une enquête du JDD, que 20% a penser que l'ancien président aurait fait mieux qu'Emmanuel Macron dans la lutte face au Covid-19.

Mais même si l'issue de l'affaire des écoutes était favorable à Nicolas Sarkozy, il ne s'agirait que d'une première étape dans la longue série des démêlés judiciaires de Nicolas Sarkozy. Le 17 mars prochain, c'est le procès de l'affaire Bygmalion, qui concerne le financement de sa campagne présidentielle de 2012, qui s'ouvrira: l'ancien président est soupçonné de financement illégal. Ensuite, le dossier du financement libyen de sa campagne de 2007 pourrait lui aussi ressurgir dans les mois à venir: il est mis en examen dans cette affaire.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV