A droite, le silence répond à Laurent Wauquiez

Laurent Wauquiez et Nicolas Sarkozy, en novembre 2015. - Alain JOCARD / AFP
"Au moment où il est dans la difficulté, c’est un peu le vide". C'est le constat sans appel de Laurent Neumann, éditorialiste politique de BFMTV, ce lundi. Il faut en effet concéder que depuis vendredi et la diffusion à la télévision, dans l'émission Quotidien, de premiers extraits d'un enregistrement audio réalisé à l'insu de Laurent Wauquiez alors qu'il dispensait un séminaire à l'école de commerce de l'EM Lyon en fin de semaine dernière, les soutiens ne se sont pas bousculés pour soutenir le président des Républicains, désormais en grande difficulté politique et médiatique.
Ce lundi soir, le même programme de TMC a livré de nouveaux passages où l'on entend le dirigeant politique mordre à belles dents d'autres confrères. Au total, Laurent Wauquiez s'en sera donc pris à Gérald Darmanin, Nicolas Sarkozy mais aussi à Valérie Pécresse et Alain Juppé.
Nicolas Sarkozy a fait part de sa colère. Il a cependant eu droit à un traitement de faveur dont ne bénéficieront pas forcément les autres victimes des propos de Laurent Wauquiez: des excuses. Et du côté de l'ex-chef de l'Etat, on ne s'est pas privé de dire que le président fraîchement élu des Républicains avait fait amende honorable.
Le silence de Juppé et Pécresse
Si Nicolas Sarkozy a choisi d'exposer la contrition de Laurent Wauquiez, deux des cibles de celui-ci ont opté pour une autre stratégie, tout aussi mortifiante. Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, et la présidente du Conseil régional d'Île-de-France, Valérie Pécresse, gardent le silence. Certes, on n'a appris que lundi que Laurent Wauquiez avait aussi décoché quelques traits contre eux. Mais Alain Juppé a clairement indiqué dans la soirée, via son service de presse, qu'il ne souhaitait pas réagir, officiellement pour cause de départ, mardi, à l'étranger. Valérie Pécresse n'a pas davantage parlé pour rétorquer, pas plus qu'elle ne l'avait fait depuis vendredi pour défendre le chef de sa formation politique.
Elle n'est pas la seule à avoir pris ostensiblement ses distances.
"Il y a un signe qui ne trompe pas : regardez combien de responsables de la droite, de la grande famille de la droite, sont allés défendre Laurent Wauquiez? Aucun, sinon les porte-paroles. Où sont tous ses amis? Je mets de côté ceux qui sont partis, les Juppé, les Franck Riester, et Xavier Bertrand. Mais tous les autres, ceux qui sont encore chez les Républicains et y ont des responsabilités : Christian Jacob, par exemple, le patron du groupe à l’Assemblée, Eric Ciotti. Je pense qu’ils se sont cachés pendant quelques heures parce qu’ils sont très embarrassés."
La réticence d'Eric Woerth
Laurent Wauquiez s'est tout de même trouvé un défenseur de premier plan ce week-end en la personne d'Eric Woerth. Enfin, "lui-même a fait part de son embarras sur les propos de Laurent Wauquiez. C’est quand même un membre de la direction des Républicains", a pointé Camille Langlade sur BFMTV. L'ancien ministre du Budget a ainsi regretté que les propos de son chef de file ne "concourraient pas au rassemblement" des Républicains.
Nos observateurs ont jugé qu'une autre de ses piquantes sorties lyonnaises risquait de lui aliéner son camp. Revenant sur l'épisode qui l'avait vu réclamer le départ du gouvernement de Gérald Darmanin, sur fond de plainte pour viol contre ce dernier, Laurent Wauquiez a dit qu'il s'était senti isolé dans son propre camp, insinuant même que d'autres cadres de la droite pouvaient avoir des choses à se reprocher.
"Pour diriger une équipe, la moindre des choses c’est que l’équipe ait confiance en vous.Vous imaginez la prochaine réunion? Demain, il y a un bureau politique des Républicains, je pense que l’ambiance sera intéressante", a lancé le chef de notre service politique, Thierry Arnaud.