Violences contre des gilets jaunes: un CRS jugé ce jeudi

Affrontement entre manifestants et forces de l'ordre dans le quartier de Montparnasse, à Paris, le 1er mai 2019. - Zakaria ABDELKAFI / AFP
Journée chargée pour la 10ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Elle juge ce jeudi un policier accusé d’avoir giflé un manifestant le 1er mai, et doit, dans le même temps, rendre son délibéré au procès du premier fonctionnaire accusé de violences contres des gilets jaunes. Dans les deux cas, les scènes ont été filmées, puis massivement partagées sur les réseaux sociaux.
"Toi aussi, casse-toi'
La justice reproche au brigadier qui comparaît ce jour de s’en être pris à un manifestant dans le cortège parisien de la fête du travail. Les images montrent une altercation entre un manifestant et un policier sur le boulevard du Montparnasse (14ème arrondissement), alors qu’un groupe d’individus tentent de se mettre à l’abri dans un bar-tabac:
“J’ai vu un magasin d’ouvert, j’ai dit à ma mère 'Rentre dedans, mets-toi en protection'. Moi je suis resté en retrait pour protéger ma mère et les gens qui étaient dedans, en laissant passer le cordon”, explique à l'époque à LCI Yohann, avant de poursuivre:
“A ce moment-là, un des CRS, je ne sais pas ce qui lui a pris, s’est fâché envers une personne et, on le voit sur la vidéo, lui dit 'casse-toi connard'. J’ai vu rouge et je lui ai dit 'toi aussi, casse-toi'. À partir de là, le monsieur n’a pas apprécié que je lui dise ce mot-là et il m’a mis une claque.”
"Pas un geste approprié"
La gifle envoie les lunettes de soleil du manifestant au sol mais ce dernier ne répond pas et reste statique face au fonctionnaire. Il a ensuite déposé plainte contre le membre des forces de l'ordre, qui reconnaît, lui, les faits qui lui sont reprochés:
Il "va s'expliquer sur les raisons de ce geste. Il convient que ce n'était pas un geste approprié. Nous reviendrons sur le contexte", a indiqué à l’Agence France Presse son avocat, Jérôme Andrei.
Jugé pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une incapacité supérieure à huit jours", il risque jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
Saisie par le préfet de police de Paris, Didier Lallement, l'inspection générale de la police nationale (IGPN) a par ailleurs ouvert une enquête, qui est toujours en cours à l'heure actuelle.
Des extraits vidéos "ravageurs" pour la police
Le premier policier, jugé le 21 novembre pour avoir lancé un pavé vers le cortège parisien, le 1er mai également encourt pour sa part une peine de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende. Des manifestants se trouvaient alors à "environ huit mètres" mais les images ne montrent pas où a atterri le projectile.
Lors de l'audience, le président a estimé que les extraits vidéos étaient "ravageurs" pour l'image des forces de l'ordre, tout en prenant le soin d'évoquer la "foule agressive".
"Je ne veux pas en faire un exemple", avait affirmé la procureure, indiquant qu'il ne s'agissait pas "du procès de la police". Elle avait requis trois mois de prison avec sursis. De son côté, la défense avait plaidé un "geste de défense" et la relaxe du policier, qui avait fait état de "scènes de guérilla" ce jour-là.
"Nous le savons, notre décision sera scrutée, elle est d’ores et déjà critiquée alors qu’elle n’est pas encore rendue", avait ajouté le président.