Victime d'injures antisémites, une étudiante de Paris XIII porte plainte

A 19 ans, cette étudiante en médecine accuse un groupe d'élèves d'antisémitisme. - Stéphane de Sakutin - AFP
Blagues sur la Shoah, saluts nazis, réflexions humiliantes et dégradantes. Une étudiante en deuxième année de médecine à l’université Paris XIII a porté plainte, le 20 octobre dernier, pour injures antisémites, révèle Europe 1 ce lundi. Elle accuse des étudiants de sa faculté de l'avoir persécutée, stigmatisant sa religion juive. Lassée des quolibets, la jeune fille a d'abord tenté de leur expliquer que ça ne la faisait pas rire. "Mais on est passé des blagues sur la Shoah à un jeu qui s’appelle le 'frispa' (contraction de frisbee et kippa), le lancer de kippa qu’on jette par terre", une activité inventée par le groupe de jeunes qui la malmène.
"Bob Auschwitz 2019"
"Harcelée", "montrée du doigt", l’étudiante essaie de les ignorer, mais en vain. Son quotidien devient pesant au point qu’elle préfère même renoncer à se rendre au week-end d'intégration, organisé par ses persécuteurs, membres du Bureau des élèves. "Ils proposent à nouveau de renouveler le thème antisémite en l’appelant 'bob Auschwitz 2019' (bob désignant le week-end d'intégration,NDLR), 'bob-rafle 2019'", détaille la jeune femme à Europe 1. Pour elle, c'en est trop, l'étudiante décide de saisir la justice, "pas par vengeance, mais pour que cela cesse".
Contacté par BFMTV.com, Antonin Péchart, l'avocat de la plaignante, n'a pas souhaité revenir sur l'affaire. Il précise cependant qu'une "plainte avec constitution de partie de civile a été déposée. C'est probablement le chef d'incitation à la haine raciale qui sera retenu". Ce délit, défini par l'article 24 de la loi de 1881, est puni d'un an d'emprisonnement et d'une amende de 45.000 euros, ou de l'une de ces deux peines seulement. Huit étudiants sont mis en cause.
"Dérives inacceptables"
Informée de la situation par l'étudiante, l'université Paris XIII "a décidé d’instruire un dossier", assure-t-elle dans un communiqué publié ce lundi. La section disciplinaire a donc été saisie. L'université a "dans le même temps procédé à une dénonciation auprès du procureur de la République", indique-t-elle, rappelant son ferme engagement dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
"Les faits sont profondément inacceptables", a réagi ce lundi Frédérique Vidal dans un communiqué de presse, rappelant que "l’antisémitisme doit être partout combattu avec la plus grande fermeté sans jamais ne laisser aucune place à la banalisation. C'est la raison pour laquelle je salue le fait que l’université Paris 13 ait pris les décisions qui s’imposaient dès que les faits ont été connus".
La ministre de l'Enseignement supérieur devait rencontrer ce lundi le président de l’université Paris XIII "afin de faire le point avec lui sur les dispositifs de prévention mis en place dans son établissement et sur les actions qui peuvent être immédiatement engagées pour mettre fin à ces dérives inacceptables".