Tuerie de Chevaline: qui est l'homme placé en garde à vue?

Fausse piste ou véritable tournant de l'enquête? Un homme a été placé en garde à vue ce mercredi matin dans le cadre de l'affaire de la tuerie de Chevaline, selon les informations obtenues par BFMTV. Dans la soirée, cette garde à vue a été prolongée, a indiqué le parquet.
L'homme n'est pas un inconnu des enquêteurs puisqu'il a déjà été interrogé dans le cadre de cette affaire en 2015. Il est donc de nouveau questionné et son domicile a été perquisitionné.
Un motard vu le jour du crime
Le 5 décembre 2012, trois membres de la famille Al-Hilli sont retrouvés morts dans leur voiture, exécutés de deux balles dans la tête. Le véhicule et retrouvé à la frontière de la commune de Chevaline, en Haute-Savoie. Ce même-jour, à la même heure, un homme se trouve sur les lieux du crime. Casqué, à moto, il est vu par deux gardes forestiers sans pouvoir être interpellé.
Les enquêteurs ne vont pas dévoiler cette piste de suite. Ils ne le font qu'en novembre 2013. Un portrait-robot de la personne activement recherchée est alors diffusé et un premier homme est interpellé. Cet ancien policier municipal est placé en garde à vue mais sera mis hors de cause. Il se suicide en juin 2014.
Présent lors de la reconstitution
En 2015, soit deux ans après la publication du portrait-robot, un autre homme est entendu. Il s'agit de la personne mise en garde à vue ce mercredi. Cet homme, malgré la médiatisation de l'affaire, ne s’était jamais manifesté. Ce sont les gendarmes qui l’identifient et l’interrogent.
Au terme de son interrogatoire de 2015, l’homme est mis hors de cause: il affirme avoir été sur place car il faisait son baptême de parapente. Rien dans son récit ne permettait de l’incriminer à l’époque, estimaient alors les enquêteurs, d'’autant qu’il n’y a pas de témoins directs des crimes. Pourquoi ne s’est-il pas manifesté avant? Car il n’a rien vu, assurait-il. Il pensait donc que son témoignage n'était pas utile.
En septembre dernier, le juge d’instruction ordonne que des vérifications soient faites. Le périmètre de la scène des crimes est bouclé pour une reconstitution. Plusieurs personnes, des enquêteurs et des témoins sont alors présents, dont le motard. Les enquêteurs cherchent désormais à verifier certains élements, notamment son emploi du temps.
Son avocat dénonce la "possible fabrique d'un coupable"
"Mon client a toujours coopéré", a réagi son avocat Jean-Christophe Basson-Larbi. "Il nage en plein cauchemar. On semble être dans une possible fabrique d’un coupable avec le spectre de l’erreur judiciaire."
Selon l'avocat, cette garde à vue visant à "vérifier un emploi du temps", n'est "pas justifiée". Cet homme "n'a, à aucun moment, le profil de quelqu'un qui pourrait avoir commis de sang froid, avec préméditation, un tel assassinat", a-t-il ajouté auprès de l'AFP. "La position de ce monsieur est toujours la même : 'je me promenais (...) mais (je) n'ai pas croisé la route de cette pauvre famille'", a-t-il précisé dévant la presse.
Depuis le début de l'affaire, de nombreuses autres gardes à vue ont été menées, sans donner de résultat.