Terrorisme: "Les moins de 17 ans représentent 20%" des personnes radicalisées

Patrick Amoyel. - Capture BFMTV
L'agression d'un enseignant juif à Marseille choque notamment en raison du profil de l'agresseur qui dit avoir agi au nom d'Allah et de Daesh. Cet adolescent de 15 ans est présenté comme un bon élève et n'a aucun antécédent policier ou judiciaire. D'après le parquet de Marseille, le garçon se serait radicalisé seul, notamment grâce à Internet. Une information qu'il faut prendre avec prudence selon Patrick Amoyel, psychanalyste, pédopsychiatre et fondateur de l'association Entr'Autres.
BFMTV - Est-ce surprenant qu'un jeune garçon commette un tel acte de violence?
PATRICK AMOYEL - Il n’y a rien d’étonnant dans la mesure où dans l'ensemble des profils que l’on connait il n’y a pas de profils atypiques. Ces jeunes de moins de 17 ans représentent 20% des personnes signalées concernées par Daesh. La radicalisation touche l’ensemble de l’éventail des catégories socio-culturelles, l’ensemble de l’éventail des psychopathologies, c’est-à-dire des gens tout à fait normaux aux gens les plus pathologiques. On a exactement le même éventail chez les gens concernés par le jihadisme que dans la population normale.
Comment certaines personnes arrivent à utiliser Internet pour transformer des jeunes adolescents?
Dans toutes les recherches que l’on fait, la radicalisation sur Internet n’existe pas en tant que telle. Internet intervient en tant que booster, que catalyseur de choses qui se passent bien avant Internet, en parallèle d’Internet et surtout dans une radicalisation progressive qui tient au milieu, aux fréquentations.
Internet se sert donc d'un terreau déjà existant?
La grande erreur, et les erreurs que l’on raconte sur internet depuis deux-trois ans, ont des effets catastrophiques parce que la radicalisation ne se fait pas sur Internet. Elle se fait parce qu’il y a d’abord un certain nombre de discours, d’idéologie, d’idéologie antisémite, d’idéologie identitaire, d’idéologie 'complotiste' et ces idéologies sont véhiculées par internet, évidemment. Mais il y a des gens, des recruteurs, des prêches, des gens qui sont à la sortie des collèges et des lycées.