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Terrorisme

Papiers d'identité pour Amimour, traque ratée de Abbaoud: le rapport accablant sur les attentats de Paris

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La commission d'enquête parlementaire sur les attentats de Paris a rendu son rapport. Une investigation de plus de six mois qui souligne de nombreuses défaillances de la part des autorités européennes.

Mettre à jour les dysfonctionnements pour faire en sorte que l'impensable n'arrive plus. Telle était la vocation du rapport de la commission d'enquête parlementaire relative aux moyens mis en oeuvre par l'Etat pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015. Et des défaillances, il y en a eu de nombreuses.

Des papiers d'identité pour un futur kamikaze

Samy Amimour, l’un des kamikazes du Bataclan, est parti en Syrie en septembre 2013, tandis qu’il était placé sous contrôle judiciaire à la suite de sa mise en examen. Ses documents d’identité lui avaient été retirés parce qu’il était aussi sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire.

La commission d’enquête indique que le terroriste s’est fait refaire des papiers par la préfecture en prétextant les avoir perdus. Normalement toute demande de nouveaux papiers déclenche une consultation du fichier des personnes recherchées où sont inscrites les prohibitions de sortie du territoire.

Pourquoi cela n’a pas été fait ? Parce que la consultation n’est pas systématique selon les explications de l’ancien juge antiterroriste Marc Trevidic. Ce dernier a également expliqué que lorsqu'il a voulu interroger Amimour pour son enquête, l'individu ne pointait plus au commissariat depuis au moins 4 semaines. Il ne respectait donc plus son contrôle judiciaire sans que personne ne s’en soit inquiété.

Les ratés du renseignement Schengen

Le 14 novembre au matin, Salah Abdeslam, le logisticien présumé des attaques, a fui vers la Belgique et a été contrôlé par les gendarmes français à 9h10. A ce moment-là il n’était pas encore recherché, son nom n’était pas encore apparu dans l’enquête.

Mais les gendarmes ont consulté le système d’information Schengen (fichier européen) qui indiquait que l'individu était fiché de l’autre côté de la frontière pour des faits de droit commun. Les fonctionnaires ont alors suivi la procédure en le contrôlant discrètement. Ils ont donc relevé la plaque d’immatriculation et les identités puis ont communiqué toutes ces informations utiles.

A 10h45 les autorités belges ont informé la France du fait que Salah Abdeslam était aussi connu pour être à la fois radicalisé et candidat au jihad en Syrie. Ce manquement soulève une question. Pourquoi ces données n’étaient-elles pas dans le fichier Schengen ? Entre temps le présumé terroriste avait disparu des écrans radars, pour ne réapparaître que quatre mois plus tard lors de sa capture en mars.

Le "cerveau" des attentats du 13 novembre 2015 aurait pu être arrêté en janvier

Autre raté dû au manque de communication entre les services de renseignement européens, le cas Abdelhamid Abaaoud. Le terroriste, présenté comme le cerveau des attaques du 13 novembre, aurait pu être arrêté en janvier 2015.

Un assaut avait été lancé à Verviers, en Belgique afin de neutraliser une cellule djihadiste dormante dont le chef est Abdelhamid Abaaoud. Mais lui était absent pas là, il se trouvait à Athènes. Deux interventions parallèles ont alors été prévues par les services grecs et belges afin de l’interpeller. Sauf que les autorités hellènes n’ont appris l’intervention belge que 15 minutes avant son lancement.

Elles n’ont donc pas eu le temps d’arrêter Abaaoud qui s’est échappé. Une mauvaise coordination des services grecs et belges directement à l’origine de la fuite de celui qui allait organiser l'attentat le plus sanglant perpétré sur le sol français.

Marie-Caroline Meijer et Cécile Olivier