Le "webmaster du jihad" devant les juges

Le palais de justice de Paris. - Wikimedia
Le procès de Farouk Ben Abbes et de ses acolytes s'ouvre ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris. Les quatre accusés, âgés de 32 à 35 ans, sont accusés d'avoir, entre 2006 et 2010, administré le site "francophone jihadiste de référence", pour reprendre les termes des juges, Ansar al-Haqq ("Les Partisans de la vérité"). Seuls trois d'entre eux seront présents à l'audience, le quatrième, Leonard Lopez, se trouvant toujours entre l'Irak et la Syrie.
Les prévenus comparaissent pour association de malfaiteurs à visée terroriste, soupçonnés d'avoir incité à la lutte armée contre les "mécréants" et même recruté des forces vives par ce forum, qui comptait à son apogée, à la fin des années 2000, plusieurs milliers de membres. Le site mettait également à disposition de ses ouailles un logiciel de cryptage, Mujahideen Secret, permettant de sécuriser les communications entre les apprentis combattants.
C'est la personne de Farouk Ben Abbes, Belgo-Tunisien de 32 ans, qui devrait faire le plus parler lors de ces deux jours d'audience. Administrateur d'Ansar al-Haqq, ce doctrinaire radical, fils d'un professeur de religion, accompagnait chacun de ses messages sur le site - 619 au total - de la mention "Envoyé spécial des médias islamiques jihadiques mondiaux. Le jihad médiatique est la moitié du combat".
Assigné à résidence après le 13-Novembre
Farouk Ben Abbes a été cité dans plusieurs dossiers antiterroristes récents. En 2009, il a notamment été mis en examen pour des visées d'attentat contre le Bataclan, déjà. Il était jusqu'en mai l'un des plus anciens assignés à résidence de France, une mesure à laquelle il était soumis depuis le 13-Novembre. Le "webmaster du jihad" est en effet un proche du Toulousain Fabien Clain, qui a prêté sa voix à la revendication des attaques par Daesh. Malgré ce lourd passif, Farouk Ben Abbes n'a toutefois jamais été condamné, si ce n'est pour violation de son assignation à résidence.
Les avocats de Farouk Ben Abbes - qui a toujours nié vouloir inciter au jiha, prétendant se contenter de "diffuser" des informations - dénoncent la "fièvre médiatique" et "l'acharnement administratif" qui ciblent leur client. L'Association française des victimes du terrorisme s'est portée partie civile pour ce procès.