Daesh, une menace nucléaire?

Après la série d'attentats spectaculaires de Daesh en Europe, les craintes d'attaques terroristes utilisant le nucléaire sont dans tous les esprits. Mais l'organisation a-t-elle les moyens d'un tel projet? François Hollande et Barack Obama se sont penchés sur cette question lors d'un sommet international sur la sûreté nucléaire à Washington. Il en ressort que tout doit être fait pour ne pas permettre la fabrication de bombes "sales" et, donc, l'accès à des substances nucléaires par des groupes malintentionnés.
Un morceau de plutonium de la taille d'une pomme
"Nous avons sensiblement réduit le risque mais la menace du terrorisme nucléaire persiste et continue d'évoluer", a déclaré le président américain en rappelant qu'un tout petit morceau de plutonium de la taille d'une pomme pourrait tuer et blesser des centaines de milliers d'innocents. La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne sont en "ligne de mire de Daesh" pour l'éditorialiste politique étrangère BFMTV, Ulysse Gosset. L'organisation jihadiste a recruté des ingénieurs qui travaillent certainement à "des moyens de terreurs que l'on ignore encore aujourd'hui".
Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a décrit sur BFMTV le fonctionnement d'une bombe "sale". Il ne s'agit pas d'une arme nucléaire qui entraînerait une explosion de type Hiroshima ou Nagasaki mais d'un assemblage "mêlant une bombe terroriste classique avec des explosifs conventionnels et des déchets ou matière nucléaires". L'engin permettrait de provoquer un effet de terreur, une pollution importante et empoisonnerait les victimes. Le résultat serait similaire en nombre de victimes à celui d'une attaque terroriste majeure.
Des drones-espions
Les centrales nucléaires sont aussi des cibles potentielles. Deux hypothèses sont à prendre au sérieux. La première serait une atteinte à une installation nucléaire comme une centrale ou un site de stockage de déchets. "C'est préoccupant mais on peut dire que les mesures de sécurité existent et ont été bien renforcées dans les dernières années", veut rassurer le spécialiste.
Des drones ont survolé plusieurs centrales mais ces engins, même un peu lourds, ne sont pas capables d'endommager une centrale nucléaire, selon Camille Grand. En revanche, ils sont de formidables outils d'espionnage pour surveiller les allers-retours et les dispositifs de protection.
Chantages et enlèvements
La seconde crainte concernerait le vol de substances radioactives combinées avec une bombe classique. Du matériel utilisé dans les hôpitaux ou des laboratoires de recherche pourrait aussi faire l'objet de vol. Les autorités sont obligées de recenser de manière précise les stocks dans tous les lieux qui en utilisent. Des pays en voie de développement, comme en Afrique, ne seraient pas assez protégés. Ulysse Gosset rapporte que la France a dû rapatrier des éléments radioactifs parce que la sécurité ne lui semblait pas suffisante.
Le personnel qui travaille dans le nucléaire est extrêmement sensible aux questions de sécurité, y compris dans la vie personnelle. Les risques de détournement pas ce biais sont très faibles. L'inquiétude se porte plus pour Camille Grand sur de possibles chantages ou enlèvements qui permettraient d'obtenir des informations sensibles.