Ces héros ordinaires des attentats de Paris

Des personne recouvrent un corps près du café Bonne Bière, le 13 novembre. - Anthony Dorfmann - AFP
Dans le chaos de vendredi soir, de nombreux héros et héroïnes qui s'ignorent se dont découverts. Les actes héroïques sont nombreux et n'ont pas tous été encore rapportés, BFMTV.com en a recensé quelques-uns.
Le sauveur de la femme enceinte
Filmée suspendue à une fenêtre du Bataclan, une femme enceinte a été secourue par Sébastien. Il s'était caché lui aussi en passant par la fenêtre d'à côté, et en s'accrochant à une bouche d'aération. "J’ai tenu cinq minutes puis la femme enceinte, qui n’en pouvait plus, m’a demandé de l’aider à revenir à l’intérieur. C’est ce que j’ai fait", a-t-il expliqué à La Provence.
Après une mobilisation sur les réseaux sociaux, ils ont réussi à se retrouver pour prendre des nouvelles.
Sébastien, malheureusement, restera coincé à l'intérieur. Il a même dû discuter avec les kamikazes.
Il se prend une balle en secourant des rescapés
Le journaliste du Monde, Daniel Psenny, qui a filmé la scène est ensuite descendu secourir des blessés et ouvrir la porte de son immeuble aux rescapés. C'est à ce moment qu'il pense avoir pris une balle dans le bras. Avec un couple de voisins, ils ont pris soin d'un Américain blessé à la jambe. Et après avoir appelé une amie médecin, il s'est fait un garrot avec sa chemise. Ils sont restés barricadés jusqu'à l'arrivée du RAID.
Les fêtards sauveteurs
A quelques mètres de la salle de concerts, au 42 boulevard Voltaire, un groupe d'amis faisait la fête au premier étage quand ils ont entendu les tirs. Ils sont vite descendus secourir Ludovic tombé sous leurs yeux. Très émue par tant de générosité, la compagne de Ludovic les a tous invités à lui rendre visite à l'hôpital.
#Porteouverte
Comme eux, nombre de riverains et de riveraines ont secouru les blessés et abrité les rescapés. Autre signe de solidarité spontanée: sous le hashtag #PorteOuverte, peu de temps après les attaques, des centaines de Parisiens ont organisé sur Twitter un vaste mouvement d'entraide pour héberger pour la nuit les passants bloqués à l'extérieur par les attentats, et pouvant être en danger.
Le médecin rompu à la guerre
Riverain de la Bonne Bière et de la Casa Nostra, Michel Bonnot s'est précipité pour prodiguer les premiers soins aux blessés. Malgré ses efforts, Noémie, étudiante américaine de 23 ans, n’a pas survécu. Pendant plus d’une heure, retranché avec les sapeurs-pompiers, le médecin qui a passé une vingtaine d’années en zones de guerre tente d’aider autant qu’il peut. Sans matériel de réanimation adapté.
"Ce qui me révolte surtout c'est l'impuissance. Je suis anesthésiste-réanimateur, j'avais des blessés, je n'ai rien pu faire. J'ai échoué", déplore celui qui a beaucoup travaillé en zone de guerre par le passé, dans l'humanitaire, à Beyrouth, au Kurdistan, en Afghanistan à Sarajevo. Quand les pompiers sont arrivés, il n'y avait "pas de matériel pour intuber - intuber, ventiler c'est le b.a.-ba de la réanimation des blessés graves - et ni de quoi la perfuser", raconte-t-il sidéré.
Il sacrifie sa vie et sauve son amie
Ludovic Boumbas, un Lillois de 40 ans, fêtait un anniversaire avec une quinzaine d’amis au café La Belle Équipe. "Ludo s’est jeté devant une amie pour la protéger, a expliqué au Parisien Basilide, l’un de ses frères. Les tirs des barbares l’ont atteint, il est mort sur le coup. Son acte de bravoure a permis à la fille de survivre. Elle s’en est sortie avec une blessure au bras. La plupart des autres amis sont décédés."
Les taxis qui ont éteint les compteurs
Comme d'autres chauffeurs de taxi, Nabil travaillait vendredi soir. Après avoir pris un couple qui se trouvait près des fusillades du XIème arrondissement, il a dû sortir de sa voiture pour se réfugier dans un restaurant, à l'invitation pressante de la police. Quand ils sont ressortis au bout d'une heure, il a continué à faire son travail, compteur éteint. Il a invité ses collègues à faire de même et nombre d'entre eux ont fait de même.
"Pas d'ordre de la préfecture ou de notre employeur, rien. Il fallait aider ces gens", raconte un autre chauffeur à Metronews. "J'ai fait des allers-retours jusqu'à l'hôpital Necker pour conduire des blessés, j'ai ramené des gens chez eux. Une trentaine environ. J'avais trois nanas que j'ai déposé pas loin de chez elles, elles étaient en pleurs."
Le videur du Bataclan
Didi, le responsable de la sécurité du Bataclan a raconté au Monde s'être précipité dans la salle en hurlant "Vite, vite, entrez, ça tire" après avoir entendu des tirs venant du Bataclan café voisin. Il a eu le temps d'envoyer des spectateurs vers son agent placé près d'une sortie de secours avant de plonger au sol dans la foule. Il a essayé alors de calmer ses voisins paniqués, éteint son talkie-walkie pour ne pas être repéré.
"En les entendant tirer à bout portant sur les gens, j’ai compris qu’ils allaient exécuter tout le monde. A chaque coup de feu, on avait une chance sur trois d’y passer. Je devais être le seul dans la foule à connaître la sortie de secours. Il fallait que je montre le chemin", raconte-t-il.
A la première recharge, l’agent de sécurité n’hésite pas: "Je me suis levé, et j’ai crié: 'Vite, sortez. Une masse s’est levée, m’a suivi et, là, ils ont recommencé à nous tirer dessus."
A la sortie, des étudiantes d’une cité universitaire voisine du Bataclan vont l’aider à secourir une trentaine de personnes, dont des blessés.
Les agents de sécurité du Bataclan "ont vraiment été héroïques, fantastiques: même pendant le mitraillage, ils sont entrés à nouveau dans la salle. Ils auraient pu fuir en courant, mais non, ils sont re-rentrés, pour essayer de sortir un maximum de gens", a déclaré à l'AFP Dominique Revert, co-gérant du Bataclan.
Cette liste est évidemment loin d'être exhaustive, outre les forces de l'ordre, et les médecins, de nombreux hommes et femmes ont agi sans se poser de questions.