Attentat de l'Hyper Cacher:"Il n'y a rien d'héroïque à être un otage"
Aujourd'hui, il assure avoir repris une vie normale. Alain Couanon faisait partie des otages d'Amedy Coulibaly le 9 janvier 2015 dans le magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris. "J’ai des souvenirs mais pas de séquelles, explique aujourd'hui ce retraité sur BFMTV. Ce ne sont pas des souvenirs traumatiques qui m’empêchent de vivre."
Il y a pourtant un souvenir qui lui revient plus que les autres un an après la prise d'otages qui a coûté la vie à quatre personnes: le court dialogue qu'il a eu avec le terroriste "car il recèle en lui des choses abominables". Comme à toutes les personnes présentes dans le magasin ce jour-là, Coulibaly a demandé à Alain Couanon de se présenter. Nom, âge, fonction, origines. C'est sur cette dernière question que l'otage va buter.
"Jamais personne ne m’avait posé cette question dans ma vie, raconte-t-il. Qu’est-ce que ça voulait dire? C’était clair pour lui, ça voulait dire ma race. La race, la religion, pour ces gens-là, c’est un peu la même chose. J’ai répondu Français, je ne suis pas juif, mais peu importe. Français, car je ne savais pas quoi répondre d’autre."
Partage entre la vie et la mort
De lui-même, Coulibaly va alors décréter qu'Alain Couanon est catholique. Bien sûr l'homme a été élevé dans cette religion, mais aujourd'hui il ne pratique pas et ne se dit même pas croyant. "Pour la première fois de ma vie, j’ai dû me définir par une catégorie de naissance qui ne signifie rien pour moi", poursuit-il.
Avant de décrire cette conclusion "monstrueusement abominable": "Le partage entre la vie et la mort va se faire sur quelque chose pour lequel on n’est pour rien, qu'on va vous tuer, non pas pour ce que vous faites, mais pour ce que vous êtes."
Reconnaissant envers les policiers
De la simplicité qui émane de lui, Alain Couanon va également assurer qu'"il n'y a rien d'héroïque à être un otage". Au contraire, il préfère saluer le travail des policiers du Raid et de la BRI qui sont intervenus dans l'Hyper Cacher pour abattre le terroriste. "Je suis plein de reconnaissance envers la police, insiste-t-il. Ce sont eux qui m’ont sauvé la vie, au péril de la leur."
Avant d'exprimer toute son admiration envers les officiers: "Les policiers qui sont entrés dans le magasin (…) il leur a fallu du courage, conclut-il. Je suis même très admiratif. Avoir réussi une opération pareille (…) c’est quand même assez admirable."