Attentat à Nice: une boîte de nuit transformée en hôpital d'urgence

Anonymes et élus rassemblés sur la promenade des Anglais à Nice le 18 juillet 2016 pour une minute de silence - Valery Hache - AFP
Ce lieu de fête s'est transformé en hôpital de fortune. Le High Club, une boîte de nuit, a accueilli près de 250 blessés dans la nuit de jeudi à vendredi lors de l'attentat qui a fait au moins 84 morts à Nice. Jusqu'à 5h30 du matin, la discothèque - qui se trouve à peu près au milieu de l'itinéraire meurtrier du camion de 19 tonnes - a servi de poste médical avancé. Les blessés au rez-de-chaussée, les morts au premier étage. Une femme est morte sur place.
Des brancards ont été installés sur la piste de danse, les lits séparés par des rideaux et les soins organisés selon les priorités. Certains, parmi les plus graves, ont été évacués par les deux hélicoptères qui se sont posés sur la route juste devant l'établissement.
"Un champ de bataille"
Sur près de deux kilomètres, un camion a fauché la foule rassemblée pour le feu d'artifices du 14 juillet. Eric Durand, le directeur artistique de l'établissement tenu par quatre frères, distribuait des flyers sur la promenade des Anglais lorsqu'il a vu une poussette passer sous les roues du poids lourd. Il reste choqué par les quelques centaines de mètres qu'il a remontés à toute vitesse vers la boîte de nuit: "Un champ de bataille. Un cauchemar", se souvient-il pour Le Monde.
Gilles Thévenet, l'un des autres responsables du High Club, était là lorsque les pompiers ont investi les lieux. Un endroit qu'ils connaissent bien: quelques jours plus tôt, c'est ici même que leur bal avait eu lieu. Le directeur et son équipe ont poussé les tables, transporté bouteilles d'oxygène et caisses de médicaments. Mais il s'est senti impuissant. "J'avais l'impression d'être là pour rien", témoigne-t-il pour le quotidien du soir.
"Utiliser l'établissement comme centre de secours"
Eve, barmaid au High Club, a elle aussi prêté main-forte. La jeune femme se rendait sur son lieu de travail lorsque le camion blanc a semé la mort.
"Je crois avoir aperçu une femme allongée sur le sol au loin, mais ce n'est plus très clair. Tout de suite après j'ai entendu trois coups de feu", raconte-t-elle au Figaro. "Je me suis jetée entre deux voitures garées pendant que la foule courait dans la rue."
Jérôme Calatraba, le gérant, n'était pas sur place, quant à lui, au moment du drame. "Dès que j'ai entendu ce qui se passait, j'ai foncé sur place avec ma moto. Mon frère était sur place", explique-t-il à Libération. A son arrivée, il croise le lieutenant-colonel des pompiers.
"Je lui ai tout de suite proposé d'utiliser l'établissement comme centre de secours. Tout a été très vite, les pompiers ont tout organisé de façon très efficace."
Réouverture jeudi
Depuis, le High Club a été nettoyé et les brancards ont quitté la piste de danse. Dimanche, le personnel de la boîte de nuit a distribué des roses blanches aux passants sur la célèbre avenue niçoise.
"Aujourd'hui l'heure est au chagrin et au partage et nous avons souhaité faire un geste particulier, simple, pour essayer d'épauler ces gens qui sont immensément tristes", a témoigné l'un des responsables du club dans Nice Matin.
L'établissement rouvrira jeudi et l'entrée sera gratuite. Parce que, pour Eric Durand, "il ne faut surtout pas leur laisser ça".
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