Suicide d'Evaëlle: la professeure jugée pour harcèlement assure "ne pas avoir commis d'erreur"

La jeune Evaëlle s'est suicidée en 2019 après avoir subi des mois de harcèlement - RMC
Elle nie en bloc. Ce lundi 10 mars s'ouvre au tribunal correctionnel de Pontoise le procès d'une professeure de français, jugée pour harcèlement sur trois élèves, dont Evaëlle, 11 ans, qui s'est suicidée en juin 2019.
L'enseignante de 62 ans encourt une peine de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende. Outre un harcèlement de la part de ses camarades de classe, Evaëlle aurait subit le comportement et les humiliations de sa professeure de français, notamment au sujet d'un protocole médical mis en place pour des problèmes de dos.
Interrogée dans les colonnes du Parisien et à l'AFP, la professeure de français, qui n'a aujourd'hui plus le droit d'enseigner à des mineurs en raison de son contrôle judiciaire, nie les faits qui lui sont reprochés.
"Des erreurs, on en fait tous, mais spécifiquement et spécialement là, je ne pense pas en avoir commis", fait valoir la professeure au quotidien.
Dans cette affaire, l'enseignante avait également été poursuivie pour "homicide involontaire", avant de bénéficier d'un non-lieu pour ce chef d'accusation à l'issue de l'instruction. La juge avait estimé qu'il n'était pas "possible de déterminer les éléments précis ayant conduit à son décès", Evaëlle ayant été confrontée à de nombreuses difficultés avant son décès.
"Je conteste"
La majorité des camarades de classe de la pré-adolescente ont rapporté qu'elle était une cible récurrente de l'enseignante, qui l'aurait régulièrement réprimandée en classe. Ce qu'elle dément.
Dans l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, il est reproché à la professeure d'avoir "humilié régulièrement" Evaëlle, de l'avoir "isolée au fond" et d'avoir organisé "des heures de vie de classe portant sur le harcèlement scolaire au cours desquelles elle l'a stigmatisée comme étant victime de harcèlement par ses camarades et l'a contrainte à répondre aux questions de ceux-ci".
L'ensemble de ces comportements ont eu "pour effet une dégradation très importante des conditions de vie de la jeune fille qui s'isolait de plus en plus", écrit la juge.
"J'aimerais rappeler que je ne suis pas mise en cause dans le décès d'Evaëlle. On me reproche des supposés faits de harcèlement moral, que je conteste. J'ai adoré mon métier, je l'ai exercé avec passion. C'est difficile d'être incriminée de la sorte. J'espère que ma parole sera entendue par le tribunal", a réagi l'enseignante dans une déclaration transmise à l'AFP par son avocate Marie Roumiantseva.
"Ni consciente, ni informée"
Interrogée dans Le Parisien, la professeure mise en cause renchéri et assure qu'elle "ne pense pas avoir commis d'erreur". Affirmant avoir été "ni consciente, ni informée" d'un quelconque harcèlement d'Evaëlle par des camarades de classe, la professeure de français dément "la parole d'élèves" sur un harcèlement de sa part.
"Il y avait un climat très compliqué dans l'établissement. Après, toutes les interprétations sont possibles", avance-t-elle.
Et de conclure: "J’ai quand même plus de trente-trois ans d’expérience. Des erreurs, on en fait tous, mais spécifiquement et spécialement là, je ne pense pas en avoir commis."