Suicide d'Evaëlle: son père témoigne après le procès requis contre une enseignante et deux élèves

Image tirée d'une vidéo de l'AFPTV montrant les parents d'Evaëlle, une collégienne qui s'est suicidée, le 12 décembre 2019 à Herblay (Val-d'Oise). - Aurelia MOUSSLY © 2019 AFP
Cinq ans après le suicide d'Evaëlle, le parquet de Pontoise a requis le 12 février dernier le renvoi en procès pour "harcèlement moral" de sa professeure de français et de deux camarades de classe de la jeune fille. Cette collégienne de 11 ans s'était donné la mort en juin 2019 à son domicile à Herblay, dans le Val-d'Oise.
Lorsqu'Evaëlle était en sixième, ses parents avaient alerté la direction de l'établissement, puis l'inspection académique, sur le harcèlement dont leur fille était victime de la part de camarades et de son enseignante, qui aurait selon eux encouragées ces pratiques. Elle avait tenté de se suicider une première fois, six mois plus tôt.
Alors cette nouvelle réquisition du procureur est accueillie comme un message par son père, Sébastien Dupuis. "Nous arrivons presque au bout", confie le père d'Evaëlle au Parisien. "Tous les éléments semblent réunis pour que (la professeure de français) passe au tribunal."
"On y pense tous les jours"
Car pendant des années, les parents de la jeune fille ont lutté pour prouver que l'enseignante incriminée était bien complice du harcèlement que subissait Evaëlle. "Il a fallu que nous produisions des éléments sur son comportement en classe pour qu'elle soit suspendue."
Des faits qui se sont produits en 2020. L'enseignante de français avait également été mise en examen pour "harcèlement sur mineur de 15 ans", et placée sous contrôle judiciaire avec une obligation de soins en attendant la suite de la procédure.
"J'espère que cela fera jurisprudence pour les professeurs qui auraient encore des comportements inappropriés ou dangereux à l'encontre des élèves", explique le père de famille au Parisien.
Dans les colonnes du quotidien, Sébastien Dupuis ne cache pas que se replonger dans l'affaire cinq ans plus tard est une épreuve. "Beaucoup de choses ressurgissent. Evaëlle, on y pense tous les jours." Mais pas question de baisser les bras pour le père de famille: se battre pour sa fille est aussi un moyen de se battre pour les "autres enfants".
L'Éducation nationale a par ailleurs, selon le rectorat de Versailles, indemnisé la famille au titre du préjudice moral en échange de l'abandon d'éventuelles poursuites envers l'État.