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Police-Justice

Soupçons de corruption: Dassault contre Mediapart devant la justice

Serge Dassault, le 14 juin dernier.

Serge Dassault, le 14 juin dernier. - -

Le riche industriel français a attaqué en justice le site d'information pour l'empêcher de publier des enregistrements audio suspects au sujet d'élections à Corbeil-Essonnes.

Droit à l'information contre respect de la vie privée: la justice examine mardi la demande de Serge Dassault de faire interdire la diffusion d'enregistrements publiés par Mediapart, qui représentent selon le site d'information une "preuve" de la "corruption électorale" à Corbeil-Essonnes (Essonne).

Mediapart a mis en ligne le 15 septembre trois enregistrements clandestins qui dateraient de novembre 2012 selon le site, qui a indiqué en avoir remis une copie aux policiers qui enquêtent sur de possibles faits d'achats de voix.

On y entend l'avionneur de 88 ans, maire de 1995 à 2009, dire notamment: "Là, je ne peux plus rien donner. Je ne peux plus rien sortir, c'est interdit (...) Je suis surveillé par la police", "Moi, j'ai tout payé, donc je ne donne plus un sou à qui que ce soit. Si c'est Younès (ndlr: un homme soupçonné de tentative d'homicide), démerdez-vous avec lui".

Censure ou droit à la vie privée?

Les avocats de l'industriel, Mes Jean Veil et Serge Haïk, avaient alors déclaré que leur client était "l'objet, depuis plusieurs années, de demandes pressantes de remise d'argent par divers individus qui avaient été informés de sa générosité en faveur des actions philanthropiques". Selon eux, il lui est arrivé "d'accorder un soutien financier, mais toujours en dehors de toute démarche électorale".

Ils demandent au tribunal de grande instance de Paris, saisi en référé, une procédure d'urgence, d'ordonner à Mediapart le retrait des enregistrements et l'interdiction de publier tout ou partie des enregistrements dans une publication éditée par Mediapart et/ou avec son assistance directe ou indirecte. Le site d'information dénonce une volonté de "censure" et invoque le droit à l'information.

La justice enquête à Corbeil-Essonnes sur plusieurs affaires, notamment une concernant des soupçons d'achats de voix aux élections, et une autre des tentatives d'homicide. L'élection municipale de 2008, qui avait vu la réélection de Serge Dassault, avait été invalidée en 2009 par le Conseil d'Etat pour des dons d'argent que l'industriel a toujours contestés.

A. G. avec AFP