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Sophia Chikirou se défend: "Il n'y a pas eu de surfacturation" dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon

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Sophia Chikirou, qui fut la directrice de communication de Jean-Luc Mélenchon, a répondu aux questions de Ruth Elkrief ce mardi sur BFMTV. Lundi, elle était entendue à la PJ de Nanterre pour des soupçons de surfacturation de ses prestations durant la dernière campagne présidentielle. Elle nie formellement toute surcote.

Alors qu'elle se trouve au centre de la controverse saisissant les Insoumis ces derniers jours, Sophia Chikirou est intervenue sur notre antenne ce mardi soir. Il y a une semaine, la police procédait à des perquisitions au siège de la France insoumise et aux domiciles de plusieurs cadres du mouvement, dont Jean-Luc Mélenchon, dans le cadre de l'enquête sur les comptes de campagne présidentielle et des investigations sur les assistants parlementaires européens. A présent, Sophia Chikirou, qui fut la directrice de la communication de Jean-Luc Mélenchon durant son périple présidentiel et actuelle directrice de Mediascop, concentre une bonne partie de l'attention judiciaire et médiatique.

  • Chikirou dément toute surfacturation 

La justice souhaite faire la lumière sur les soupçons de surfacturation de ses prestations de communicante via sa société Mediascop pendant la campagne présidentielle. Elle a été entendue à la PJ de Nanterre à ce titre vendredi et ce lundi. Ce mardi soir, Sophia Chikirou s'est défendue sur notre plateau. 

"Je veux dire les choses clairement. Premièrement, il n'y a pas eu de surfacturation. Mediascop n’a pas surfacturé. Il n'y a pas eu de détournement de fonds publics. Il n’y a pas d’enrichissement personnel", a-t-elle posé en préambule. 

"On parle d’une campagne qui s'est étalée de 2016 à 2017, et la campagne de Jean-Luc Mélenchon a été la moins chère des cinq premiers candidats. Si il y a surfacturation dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon, que dire des autres ?"

  • Le travail de Mediascop 

Alors que le sous-titrage de vidéos a été pris en exemple d'une présumée surfacturation dans la presse, Sophia Chikirou a développé:

"Ça fait dix mois que le journaliste de France Info nous harcèle, au bout de ça il nous sort un reportage où il dit : ‘Oui il y a une vidéo dont le sous-titrage a été facturé 200 euros la minute’. Toute la profession a réagi, disant ‘ils ne connaissent rien à notre métier’. 200 euros pour une minute de sous-titrage, c’est la fourchette basse."

Elle a également détaillé les prestations offertes par Mediascop durant la campagne présidentielle, mentionnant 89 vidéos pour les réseaux sociaux,18 clips de campagne officielle, 34 réunions publiques et deux meetings avec hologramme, la fabrication de produits dérivés, la production d'une émission de webtélé. "Ce ne sont pas des manipulations rapides, ça requiert des diplômes, ce sont des techniciens et ça demande au bas mot une demi-journée de travail pour ça, deux heures pour ça", a-t-elle posé. 

La communicante a aussi précisé son rôle exact durant la campagne. "Je n’étais pas donneur d’ordre, j’étais prestataire et seulement prestataire. Je n’ai jamais signé le moindre document. Je ne demandais rien à Mediascop je n’en avais pas le pouvoir." Elle a évoqué le rôle d'une mandataire financière et des deux décideurs des prestations, Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard. "On dispatchait le travail lors de réunions durant la campagne. On me disait 'Tu peux faire ça avec Mediascop ? etc'", a-t-elle dépeint. Au chapitre de sa rémunération personnelle, Sophie Chikirou a déclaré qu'elle appliquait au sein de son entreprise, et à elle-même au premier chef, "une échelle de salaire de un à trois". 

  • Les relations avec la Commission nationale

Sophia Chikirou a expliqué de quelle manière elle avait transmis les factures à la Commission nationale des comptes de campagne. "Au lieu de fournir toutes les factures intermédiaires, nous avons envoyé à la commission deux factures très détaillées qui sont des résumés, de 24 et 6 pages respectivement", a-t-elle dit. 

Elle a poursuivi: "La commission a demandé à un moment la grille tarifaire. Je lui fournis une grille, elle correspond au prix du personnel, pas à celui des prestations. Elle dit par exemple que la journée d’un monteur c’est 250 euros." Rappelant qu'outre les 23 personnes rémunérées à un moment ou à un autre de la campagne par Mediascop, sa société avait aussi fait appel à 30 prestataires extérieurs, elle a abordé le chapitre des sous-traitances. "Je suis une société de communication j’ai sous-traité à des boîtes de production audiovisuelle qui se réfèrent à une autre grille. Le monteur, par exemple, n’aura donc pas le même prix. J’ai répercuté auprès de la commission qui n’a pas voulu en tenir compte", a-t-elle encore noté. 

  • "Pour que je baisse les yeux, il faudra me les crever"

Alors qu'elle a parfois été personnellement remise en cause, notamment après son passage à la tête de la webtélé Le Média, elle a rétorqué, citant un certain nombre de journalistes ayant relayé des jugements peu amènes: "Je subis des attaques que je qualifierais de misogynes. Toutes ces critiques viennent d'hommes. Les femmes ne parlent pas comme ça car elles savent ce que c’est que d’être une femme qui dirige, elles connaissent les coups bas."

Mediapart a relevé la présence de Sophie Chikirou dans le logement de Jean-Luc Mélenchon au matin de la perquisition et a évoqué une relation personnelle. Elle a rejeté nettement les allusions en direction de sa vie privée et des liens hypothétiques avec son activité professionnelle: "En aucun cas, ce n’est mêlé de cette manière-là. La question à se poser c’est, est-ce que Mediascop a fait le travail ? Oui." Elle a prévenu ses détracteurs par ailleurs: "A ceux qui essayent de m’atteindre par la vie privée, des injures, je réponds que je ne baisserai pas les yeux, pour me les faire baisser il faudra me les crever". 

  • Elle s'est endormie durant la perquisition

La directrice de Mediascop a salué la réaction énergique de Jean-Luc Mélenchon durant la perquisition: "Je me suis dit : ‘Quel coup de génie d’avoir immédiatement pris la main sur ce qu’il se passait !’ On se serait pris la totale s’il n’avait pas fait ce qu’il a fait."

Son attitude à elle a été bien différente. "J'ai réagi en état de choc, de sidération. Je me suis même endormie pendant la perquisition. C'était incroyable". Les relations tendues de Jean-Luc Mélenchon et des Insoumis avec certains médias ces jours-ci ont aussi été abordées lors de l'entretien:

"Non ce n’est pas un appel à la haine à la violence. Le lynchage a été d’une violence inouïe. (...) Vous avez un collègue saoudien qui a été enlevé, torturé, tué, a-t-on entendu un seul journaliste français demander à Emmanuel Macron la rupture des relations diplomatiques avec cette dictature d’Arabie saoudite ? C’est une indignation à géométrie variable."

Enfin, Sophia Chikirou a confirmé qu'elle comptait bien s'investir dans la campagne des Européennes si sa formation le lui demandait. 

Robin Verner