Retraites: une centaine de plaintes déposées à Paris pour des "arrestations arbitraires"

Un collectif dénonce des gardes à vue abusives lors de manifestations contre la réforme des retraites devant l'hôtel de ville de Paris le 27 mars 2023. - BFMTV
Des centaines d'interpellations lors des manifestations contre la réforme des retraites et des classements sans suite. Une centaine de plaintes pour "détention arbitraire" et "entrave à la liberté de manifester" ont été déposées auprès du parquet de Paris, annonce un collectif d'avocats qui dénoncent l'action des forces de l'ordre lors de ces rassemblements.
Pour la vingtaine d'avocats rassemblés ce vendredi, ces nombreuses interpellations et détentions ces dernières semaines sont sans objet, surtout au vu du faible taux de poursuites qui s'en sont suivies, et visent "à dissuader d'exercer son droit de manifester et à casser le mouvement social".
"Nous avons constaté (...) qu'un grand nombre de personnes ont été interpellées à tort, explique Me Raphaël Kempf, avocat. Nous constatons que ces personnes ont été privées de liberté alors qu'il n'existait aucun motif légal pour les priver de leur liberté."
Avec ces plaintes, les manifestants espèrent que des investigations seront menées sur "chacune de ces privations de liberté".
Infractions non caractérisées
Le 16 mars dernier, alors que le gouvernement déclenche l'article 49-3 pour faire passer son projet de loi sur la réforme des retraites, des milliers de personnes se rassemblent place de la Concorde. 292 personnes sont placées en garde à vue après les violences de la soirée. Sur ce nombre, seulement neuf d'entre elles ont été déférées devant un représentant du parquet.
Quelques jours plus tard, les manifestants dénoncent avoir été "nassés" alors qu'ils menaient une action dans le quartier du Châtelet à Paris. Le 28 mars dernier, sur les 72 gardes à vue menées après un nouveau rassemblement dans la capitale, 18 étaient classées sans suite.
Le 21 mars, le ministre de l'Intérieur annonçait qu'il y avait eu depuis le 16 mars 855 interpellations dans toute la France, pour 843 gardes à vue. Le préfet de police de Paris a assuré qu'il n'y a "pas d'interpellations injustifiées". "On interpelle des groupes de personnes (...) c'est parce qu'il y a des infractions qui sont à nos yeux constituées, a insisté Laurent Nunez. (...) Dans les 48h de la garde à vue, sous l'autorité du parquet, on essaie de matérialiser l'infraction. 48h c'est court."