Prothèses PIP: le procès s'est ouvert dans un climat de tension

Des victimes dans la salle d'audience du tribunal correctionnel de Marseille mercredi. - -
C'est dans un climat tendu que s'est ouvert, mardi matin à Marseille, le procès des prothèses mammaires frauduleuses PIP, et avec lui la confrontation entre le PDG Jean-Claude Mas et des centaines de plaignantes.
Trois à quatre cents femmes, venues de toute la France, étaient assises au fond du prétoire aménagé pour l'occasion dans le centre des congrès de Marseille. Prises entre la colère et l'impatience de témoigner. En tout, 5.250 porteuses de prothèses PIP, françaises et étrangères, se sont portées partie civile.
"Connard"
Accusés de "tromperie aggravée" et d'"escroquerie" pour avoir rempli leurs implants d'un gel "maison" frauduleux mettant en danger les porteuses de prothèses, le fondateur et quatre cadres de l'entreprise PIP ont été hués lorsque la présidente leur a demandé de décliner leur identité.
Un "connard" et des sifflets ont retenti à travers la salle, quand Jean-Claude Mas, qui n'a avant le procès exprimé aucun remords, a indiqué ne posséder que "1.700 à 1.800 euros de retraite" comme ressource.
Une injonction de la présidente a réussi à rétablir momentanément le calme, jusqu'à ce qu'un avocat de la défense avance que les prévenus étaient "déjà ruinés". Car les victimes, autant qu'une "reconnaissance", "attendent une indemnisation", a indiqué avant l'ouverture du procès Alexandra Blachère, présidente de l'association PPP (porteuses de prothèses PIP).
Comprendre le mécanisme de la fraude
Jusqu'au 17 mai, le tribunal doit comment PIP a pu remplir pendant dix ans ses prothèses d'un gel de silicone industriel non autorisé, déjouant les contrôles de TUV, son certificateur, et ce jusqu'à sa liquidation judiciaire en mars 2010 après une alerte de l'Agence des produits médicaux.
Il se penchera sur les responsabilités de chacun des cinq prévenus: Jean-Claude Mas, son ancien bras droit Claude Couty, la directrice de la qualité Hannelore Font, le directeur technique Loïc Gossart et le directeur produits Thierry Brinon. Tous encourent cinq ans de prison.
Mais pour les explications tant attendues de ceux-ci, il faudra encore attendre. Mardi matin, le tribunal a été saisi de deux requêtes d'avocats de la défense, qui contestent le fait que plusieurs volets de la même affaire ont été disjoints, retardant l'entrée dans le vif des débats. Le tribunal pourrait encore avoir à gérer des question de procédures jeudi voire vendredi.
À LIRE AUSSI:
>> PIP: un procès d'ampleur pour un scandale retentissant
>> PIP: Mas n'exprime ni remords, ni regrets
>> PIP: un quart des implants était défectueux