BFMTV
Police-Justice

Projet d'attentat du cap Béar: trois jeunes radicalisés aux assises

Le Palais de justice de Paris

Le Palais de justice de Paris - MIGUEL MEDINA / AFP

Les trois accusés sont soupçonnés d'avoir fomenter un attentat contre des soldats du sémaphore de Béar, fin 2015, et d'avoir voulu se rendre en Syrie.

Âgés de 17, 19 et 23 ans au moment des faits, Djebril Amara, Antoine Frèrejean et I.K sont jugés à à partir de ce lundi devant la cour d'assises des mineurs de Paris. Ces trois jeunes Français radicalisés sont soupçonnés d'avoir projeté en 2015 l'attaque d'un site militaire du cap Béar.

Les trois garçons, qui habitaient respectivement dans le Nord, en région parisienne et à Marseille, avaient fait connaissance sur le forum jeuxvideo.com en 2014. Très vite radicalisés, ils avaient discuté de leurs desseins jihadistes sur les réseaux sociaux, notamment via la messagerie cryptée Telegram.

Accusés d'appartenir à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, ils encourent 20 ans de réclusion. L'un des accusés étant mineur au moment des faits, l'audience est prévue à huis clos. La défense de ce dernier, I. K., envisage de demander la publicité des débats.

Un départ en Syrie envisagé

Arrêtés le 13 juillet 2015, les trois accusés, dont l'un était un ancien de la Marine, sont soupçonnés d'avoir fomenté un attentat contre des soldats du sémaphore de Béar, fin 2015, peut-être dans la nuit de la Saint-Sylvestre, ainsi que la décapitation filmée du commandant de ce poste d'observation de la Marine nationale, situé à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales).

Ils sont également poursuivis pour avoir voulu rejoindre les rangs de Daesh en zone irako-syrienne. L'un d'entre eux, Antoine Frèrejean, est aussi accusé d'avoir aidé un jeune Français à gagner la Syrie, notamment en prenant contact avec Mourad Fares, un des principaux recruteurs français.

Reste à savoir jusqu'où leur adhésion aux thèses islamistes radicales les a conduits. Voulaient-ils partir en Syrie, commettre un attentat en France? Les magistrats instructeurs soulignent qu'ils ont "tenté de mettre en oeuvre les directives du jihad global préconisées" par le groupe d'Abou Bakr al-Baghdadi.

"Frapper sur place en France"

Pour les enquêteurs, le projet d'attentat contre des militaires était né de l'échec du plan initial qui était de gagner la Syrie. Le plus jeune des accusés avait été signalé par sa mère qui avait sollicité une mesure d'interdiction de sortie du territoire en novembre 2014.

Pour les juges, leur projet de départ est "ravivé" après les attentats de janvier 2015 à Paris, au lendemain desquels I. K. avait rédigé un testament. Deux rencontres - les deux seules - ont lieu ce mois de janvier: Djebril Amara retrouve Antoine Frèrejean à Lyon, puis I. K dans le Nord. Pour les enquêteurs, leur projet contre le sémaphore de Béar prend forme. Amara a reconnu avoir suggéré de s'attaquer à ce site où il avait été affecté comme guetteur, loin de ses rêves de servir sur des navires. Après plusieurs arrêts maladie en 2014, il avait été réformé de la Marine début 2015.

Le benjamin du groupe a raconté avoir été en contact avec un membre de Daesh, Abu Hussein El Britani, qui lui avait donné pour consigne de "frapper sur place en France", faute de pouvoir se rendre en Syrie. Les enquêteurs ont retrouvé un message de I. K. à Frèrejean en mai 2015: "Le projet c'est: 'on fait le truc dans la base militaire puis on échappe et on va en Syrie'".

Des manuels en ligne de confection d'explosifs et un guide d'aspirants au jihad retrouvés

Les trois jeunes gens ont contesté la matérialité du projet, présenté comme une idée floue et non aboutie. Le plus jeune affirme y avoir totalement renoncé après son mariage religieux avec une jeune Française convertie. Antoine Frèrejean, que sa mère décrit comme "fanatique", nie avoir adhéré à ce plan. Djebril Amara a expliqué avoir été "hypnotisé" par Daesh alors qu'il était en dépression, avant de prendre ses distances.

Lors des perquisitions, les enquêteurs avaient retrouvé des caméras, des manuels en ligne de confection d'explosifs et un guide pour les aspirants au jihad syrien, mais ni armes à feu ni explosifs.

P.L avec AFP