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Procès

Jugée pour avoir chanté Brassens et "Bella Ciao" en garde à vue, une militante pro-migrants relaxée

Image d'illustration d'un tribunal français

Image d'illustration d'un tribunal français - Thomas Samson - AFP

Interpellée en avril 2020 lors de l'évacuation d'un camp de migrants à Grande-Synthe, cette ex-employée de l'association Utopia 56 avait passé 9 heures en garde à vue. A l'issue de celle-ci, elle s'était vue infligée une amende pour "tapage injurieux".

Un "répertoire varié" mais "des chants et pas des cris": le tribunal de police de Dunkerque a relaxé jeudi une ex-salariée d'une association d'aide aux migrants, poursuivie pour "tapage injurieux" lors d'une garde à vue en marge de l'évacuation d'un campement de migrants en 2020.

"On m'a mise en garde à vue sans savoir pourquoi, sans me lire mes droits, j'étais angoissée et furieuse aussi, alors je me suis mise à chanter", explique à l'audience cette ex-employée d'Utopia 56, active dans l'aide aux migrants sur le littoral nord.

Son répertoire: "Bella Ciao, du Brassens, de la salsa cubaine", précise-t-elle à la présidente, qui juge le choix "plutôt varié". Et relève qu'il s'agit donc de chants, alors que le procès-verbal, "laconique se résume en une ligne, cris dans les geôles du commissariat".

Une amende de 68 euros

A l'adresse du ministère public, la juge relève l'absence de précision sur "la durée des cris et la nature de ce tapage". "Est-ce que les agents de police sont venus se plaindre auprès de vous?" interroge-t-elle la prévenue. "Personne ne m'a fait de remarque, à un moment je me suis même dit que ça leur plaisait" répond cette dernière.

Présente lors d'une évacuation d'un camp de migrants de Grande-Synthe (nord), en avril 2020, elle raconte avoir passé neuf heures en garde à vue après son interpellation alors qu'elle filmait "des policiers en train de gazer des migrants". Relâchée sans suite, elle recevra en janvier 2021 une amende de 68 euros au motif de "tapage injurieux", qu'elle conteste.

Si le ministère public doute que les policiers soient venus l'écouter chanter, il reconnaît que "le dossier est vide" et plaide la relaxe: "le tapage c'est un trouble à l'ordre public, ici il n'est pas constitué".

"Ce PV que je demande depuis plus d'un an, je l'ai reçu il y a 48h et c'est moi qui vient d'ailleurs d'en donner copie à la présidente", s'indigne pour la défense, Me Ingrid Mettonn dénonçant une "procédure à caractère politique".

"Parfois la justice est juste et c'est rassurant", affirme pour sa part l'ex-employée, satisfaite aussi d'avoir pu parler "de la situation des exilés" et du "harcèlement de la police" devant "une instance publique et judiciaire".

B.R. avec AFP