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Des accusés qui nient, d'autres qui pensent avoir été drogués: au procès des viols de Mazan, les derniers interrogatoires ont eu lieu

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Les sept derniers accusés à être jugés lors de ce procès des viols de Mazan vont être interrogés sur les faits à partir de ce vendredi 15 novembre. Dominique Pelicot, opéré la veille, sera bien présent sur le banc des accusés, comme l'a confirmé son avocate sur BFMTV.

L'ESSENTIEL

  • Sept accusés sont jugés cette semaine lors du procès des viols de Mazan, ils sont les derniers à être entendus par la cour criminelle du Vaucluse. Lire la brève
  • Hospitalisé pour une opération hier, Dominique Pelicot sera bien présent dans le box ce vendredi. Voir notre vidéo
  • Après deux mois et demi de procès, les experts n'ont pas pu déterminer de profil type du violeur, excluant l'image de l'agresseur pervers. Lire notre article

L'audience est terminée

Ce live est terminé, merci de l'avoir suivi. L'audience de ce vendredi s'est achevé sur l'interrogatoire de Christian L. qui reconnaît un viol mais nie l'intention.

Comme d'autres, il a évoqué l'hypothèse d'avoir été drogué par Dominique Pelicot, ce que nie ce dernier.

Quatre autres accusés seront interrogés lundi, Philippe L., Nicolas F., Boris M., Joseph C.

Jugé pour détention d'images pédopornographiques, Christian L. dit avoir voulu "faire la chasse" aux pédophiles

Christian L. est aussi jugé pour détention d'images pédopornographiques, des images qui, selon lui, lui ont été envoyées sans qu'il en demande. S'il les a enregistrées sur son ordinateur, c'est "pour protéger les gens ou chasser les mythos"

Sur l'une des photos qu'on lui a envoyées, Christian L. dit avoir reconnu une habitante de sa commune. "Il faut rentrer dans leur jeu", pour "virer" les pédophiles des "sites de chat"

Questionné par l'avocat général, il poursuit sa démonstration, assure qu'il passait aussi le temps sur Coco.gg pour "débusquer les mythos", notamment qui mentiraient sur la photo de leur femme. Sauf que les photos retrouvées sont celles de fillettes.

L'inconcevable leçon de morale de Dominique Pelicot sur le consentement

Dominique Pelicot a eu la parole pour évoquer les déclarations de Christian L. Il dit "se souvenir de son sourire, de son attitude", et nie l'avoir drogué, tout comme les autres accusés et sa fille Caroline.

Il est aussi revenu sur des déclarations de Christian L. évoquant les règles dans le libertinage. "On n’est plus au Moyen-Age, le libertinage, moi aussi j’en ai fait. La règle ce n’est pas comme c’était avant. Aujourd’hui c’est la femme qui décide, c’est la femme qui dit oui ou dit non", affirme celui qui a drogué sa femme pendant 10 ans.

Christian L. disait lui s'être fait tromper par Dominique Pelicot. "Oui j’ai un sentiment de culpabilité, un sentiment de honte. Ce n’est pas normal de lui avoir fait ça. Celui qui assure la sécurité de la femme dans le monde libertin, qui dit ce qu’il y a le droit de faire, c’est l’homme derrière le clavier."

"Vous me pensez assez con pour accepter la proposition" de Dominique Pelicot

Christian L. est interrogé par Me Babonneau, l'avocat de Gisèle Pelicot, sur ses déclarations en garde à vue. Il avait reconnu l’existence d’un pseudo "A son insu", sous lequel l’utilisateur se vante de droguer sa femme, de la livrer à des inconnus, sur des aires d’autoroute. Mais l'ancien pompier assure que Dominique Pelicot l'a contacté avec un autre pseudo pour organiser la rencontre, "un pseudo de couple".

En garde à vue, Christian L. avait aussi confirmer "avoir à nouveau violé Mme Pelicot. Je me suis retiré quand la femme a bougé et que son mari a remis la couette sur elle pour certainement qu’elle ne se rende pas compte de ma présence."

"J’ai vérifié que c’était bien votre audition quand je vous ai entendu toute à l’heure", s'étonne l'avocat, alors que depuis son interrogatoire l'accusé réfute les faits.

"Matériellement oui, j’ai commis un viol, mais c’est mon corps, pas mon cerveau. Je n’ai jamais eu l’intention. Vous pensez que la proposition 'viens chez moi, violer ma femme que j’ai droguée, et je te filme', je suis assez con pour l’accepter", s'emporte Christian L.

Un autre accusé évoque "un black-out"

Christian L. est le troisième accusé à être interrogé. Lui aussi nie "avoir été informé de la soumission chimique" de Gisèle Pelicot.

En garde à vue, ce pompier de profession avait soutenu avoir été informé que Gisèle Pelicot avait pris un "petit somnifère" pour "se désinhiber". "Quand je suis mis en garde à vue, je découvre ce que j’ai fait en voyant les vidéos. Sur les vidéos, c’est bien mon corps, pas mon cerveau. Il est difficile pour moi de passer un demeuré et de nier ce qui est visible sur les vidéos. Ca fait 45 mois que je ne fais que réfléchir à ça", dit-il pour justifier ses déclarations.

"Qu’est-ce qui ferait que vous ne souvenez plus?", demande le président. "La soumission chimique. J’ai certainement bu un café. Le Zolpidem, c’est pour les invités", explique Christian L., alors que ce somnifère a été prescrit en grande quantité à Dominique Pelicot.

"J’ai un black out. A partir du moment où je tombe du lit, je ne me souviens plus de rien."

De nouvelles vidéos accablantes diffusées

Comme pour chaque accusé qui nie les faits, les avocats de Gisèle Pelicot demande la diffusion des vidéos. Trois vidéos viennent d'être diffusées, on y voit Gisèle Pelicot complètement inerte, les bras ballants, bouche ouverte. Nizar H. lui impose plusieurs actes sexuels, particulièrement choquants.

A la suite de cette diffusion, un nouvel échange tendu entre Me Babonneau et l'accusé a lieu. "Oui j'étais là ce soir-là, oui j'ai une relation sexuelle, non je ne l'ai pas violée. Je n'ai pas l'intention de la violer. Ce n'est pas du tout un viol. J'ai jamais l'intention de violer Mme Pelicot, dans ma tête, c'est un couple libertin. Je me retrouve dans une affaire criminelle", s'agace Nizar H.

L'avocat général veut faire une observation: "Je ne vois pas où M. H. apparait drogué, vous interagissez avec M. Pelicot, ça me semble incompatible avec une personne droguée. Et vous justifiez en disant que vous n'avez jamais fait de cunnilingus de votre vie, c'est extraordinaire!"

Comme d'autres, Nizar H. pense avoir été drogué par Dominique Pelicot

Nizar H. est le deuxième accusé aujourd'hui interrogé sur les faits qui lui sont reprochés. A savoir un viol dans la nuit du 9 au 10 octobre 2020, un mois après que Dominique a été interpellé pour avoir filmé sous la jupe de femmes à Carpentras.

Comme d'autres accusés, il pense avoir été drogué par Dominique Pelicot une fois arrivé au domicile du couple à Mazan. "Il m’a jamais dit 'viens violer ma femme, je drogue ma femme'. J’y suis allé pour un couple libertin. J’ai dit 'ok ça m’intéresse'."

"J’ai fait confiance, quand vous le (Dominique Pelicot, NDLR) voyez pour la première fois, c’est quelqu'un de confiance. Il a dit qu’elle allait faire semblant de dormir. Je crois et je crois pas. J’arrive chez lui, maison, piscine, jamais de la vie, je me dis, c’est pour violer sa femme."

Une fois sur place, Nizar H. dit s'être vu proposer un verre d'eau par Dominique Pelicot. "Si le mec il a drogué sa femme, vous croyez qu’il aurait peur de nous droguer. Ca m’est jamais arrivé ça. Je n’étais pas la personne que je suis là, j’ai les yeux rouges, un zombie", assure-t-il.

Deux photos et deux vidéos sont diffusées

Deux photos et deux vidéos, des 47 retrouvées par les enquêteurs, des rapports sexuels imposés à Gisèle Pelicot sont diffusées devant la cour. En fond sonore, on peut entendre un programme télé. Gisèle Pelicot est totalement endormie, inconsciente, on peut l'entendre aisément ronfler.

Dans la salle, le silence est pesant. Charlie A., que l'on voit à l'écran, ne regarde pas les images. Dominique Pelicot se prend la tête dans les mains.

Dominique Pelicot assure que l'accusé "pouvait dire non, il est venu"

Interrogé sur les déclarations de ce premier accusé, Dominique Pelicot estime ne pas avoir senti "quelqu'un d’impressionné, de forcé. J’ai ma part de responsabilité, je ne le nie pas." "Sur le processus décisionnel?", demande le président. Le septuagénaire réfute: "Dès le départ, il sait qu’elle sera endormie, à son insu. J’ai été directif sur la mise en place."

"Avez-vous usé de cette expérience pour inciter M. A. à revenir chez vous?", insiste le président. "Je n'ai pas eu la sensation de profiter de cette ignorance. Je ne suis pas quelqu'un qui a pu abuser de son incompréhension de quelque chose. Il pouvait me dire non, il m’a dit oui, il est venu."

L'accusé avait proposé sa mère à Dominique Pelicot, "la première chose à laquelle je pense"

Des échanges entre Charlie A. et Dominique Pelicot ont révélé un projet de soumission chimique sur la mère du premier.

Sur question de l'avocat de Gisèle Pelicot, Me Babonneau, l'accusé estime avoir évoqué le nom de sa mère "parce que Dominique Pelicot insiste". Pendant l'instruction, l'avocat général lui fait remarquer qu'il avait déclaré que "le premier truc qui m’est venu, c’est ma mère".

"Il me donne des comprimés", poursuit à la barre Charlie A. expliquant les avoir emmenés avec lui avant de les jeter de sa voiture sur le chemin du retour.

Cette version est contredite par Dominique Pelicot, qui interrogé, affirme que Charlie A. lui a rendu. "C’est le premier qui me parle de sa mère, il m’a envoyé une photo. Je lui ai donné 3 cachets dans un papier aluminium. Il ne les a pas jetés, il me les a rendu, je vais vous dire pourquoi."

Dominique Pelicot explique alors que le petit frère de l'accusé serait présent lors de la soumission de la mère. "Je ne voulais pas que ça se passe avec quelqu'un d’autre. J’ai fini par lui redemander la dose, ce qu’il a fait. Il ne les a pas jetés."

Une trace très légère d’anxiolytique a été retrouvée dans l’analyse toxicologique de la mère de Charly A., qui dit n'avoir jamais pris ce médicament. "Jamais, jamais, jamais je n'ai donné les médicaments à ma mère", assure l'accusé.

Charlie A. décrit Dominique Pelicot comme quelqu'un de "rassurant"

Charlie A. revient sur ses relations avec Dominique Pelicot qu'il décrit comme un homme "entreprenant, rassurant". Un homme devant lequel il dit "avoir perdu ses capacités de dire non".

Une assesseure lui fait remarquer qu'il fait partie de la liste des 50 personnes contactées par Dominique Pelicot après son interpellation pour avoir filmé sous la jupe de femmes dans un supermarché de Carpentras en septembre 2020.

"Peut-être que j’étais comme eux les plus faciles à manipuler...", rétorque Charlie A., assurant ne plus avoir répondu aux sollicitations de Dominique Pelicot depuis juin 2020.

Peu convaincue, la magistrate estime que dans cette liste d'appels figurent notamment trois autres accusés, que "des bons clients".

L'accusé dit ne "pas avoir eu de questionnement" sur l'état de Gisèle Pelicot

Le président de la cour criminelle Roger Arata presse Charlie A. de questions sur le consentement que Gisèle Pelicot aurait ou non donné à ces actes. "Est-ce que vous avez pu avoir son consentement pour le choix sur vous en tant que partenaire sexuel? Mme Pelicot a pu s’exprimer un quelconque accord? A-t-elle pu consentir à l’un ou l’autre des actes, expressément, parole, geste, attitude"?

"Non mais après moi je pensais que par M. Pelicot, qu’elle lui avait dit oui.

Le juge poursuit: "Ca ne vous a pas interrogé? Si véritablement cette personne, qui a l’apparence d’une personne endormi, inconsciente, était en mesure de donner son consentement?"

"Non, mais M. Pelicot m’avait dit qu’elle avait donné son consentement et qu’il n’y avait pas de problème."

Et le constat du fait que Gisèle Pelicot dormait ne l'a pas questionné: "Non, il m’a donné un scénario, il m’a dit qu’elle serait endormie. Non je n'ai pas eu de questionnement."

Le président s'agace face au "je ne me souviens plus" de l'accusé, questionné sur l'état d'inconscience de Gisèle Pélicot. "Ce sont des images qui doivent rester gravées dans votre mémoire. Vous avez son visage en face de vous, M. Pelicot qui lui ouvre la bouche…", lui lance le magistrat.

"Oui comme une femme endormie", souffle l'accusé

Charlie A. pense que "c'est normal" quand Gisèle Pelicot n'a pas de réaction

Charlie A. revient sur la première fois où il est venu chez les Pelicot après des premiers échanges avec le mari sur Coco.gg. C'était dans la nuit du 20 au 21 janvier 2016. "Il dit que sa femme sera allongée endormie, qu’elle fera semblant de dormir. Il n’en dit pas plus", explique le jeune homme de 30 ans.

L'accusé explique avoir eu l'impression qu'il avait rendez-vous avec un couple, "par l'intermédiaire de M. Pelicot". "J’arrive, je rentre chez lui. Il me demande de me déshabiller dans le salon. Je suis tout nu du coup. Il me demande de mettre les mains sur le radiateur pour me réchauffer les mains."

Puis Charlie A. est conduit dans la chambre, où "la lumière est tamisée". "Je vois une dame endormie, faisant semblant d’être endormie." Questionné par le président avec insistance, l'accusé estime que l'absence de réaction de Gisèle Pelicot "c’est le scénario qu’il m’a donné". "Je pense que c’est normal".

"Moi on m’a dit qu’elle simule, donc je pense qu’elle fait semblant de dormir", insiste l'accusé qui assure ne "plus se souvenir" être allé six fois chez les Pelicot.

Les interrogatoires débutent, le premier accusé continue de nier

Le premier à être interrogé par la cour criminelle du Vaucluse est Charlie A. Aujourd'hui âgé de 30 ans, il avait 22 ans la première fois qu'il est venu au domicile des Pelicot. A six reprises entre 2016 et 2020, le jeune homme, t-shirt blanc, collier de barbe et bouc brun, y est retourné. Il aurait également eu le projet d'imposer le même scénario à sa mère que celui imposé à Gisèle Pelicot.

Réinterrogé sur son positionnement, Charlie A. "maintient" qu'il n'a pas violé Gisèle Pelicot. Il reconnait toutefois la "matérialité des faits", à savoir des pénétrations digitales, anales.

L'impossible définition du profil-type du violeur

Après deux mois et demi, il a été impossible d'établir un profil-type du violeur, alors que 51 hommes sont jugés dans ce procès.

Les experts ont relevé que ce profil n'existait pas. "L'accusé n’a pas une personnalité typique des agresseurs sexuels même s’il n’y a pas vraiment de personnalité type", a noté jeudi 14 novembre l'expert psychologue Laurent Chaïb.

Lire notre article

Dominique Pelicot de retour dans le box

Dominique Pelicot, absent hier, est de retour ce vendredi dans le box des accusés. Il a subi une opération.

L'heure des derniers interrogatoires

Les sept derniers accusés à comparaître devant la cour criminelle du Vaucluse pour viol sur Gisèle Pelicot vont être interrogés à partir d'aujourd'hui sur les faits qui leur sont reprochés.

Christian L., Charlie A. Nicolas F., Boris M., Philippe L., Nizar H. comparaissent pour viol. Charlie A., 30 ans, est l'un des plus jeunes accusés. Il est accusé d'être allé six fois au domicile des Pelicot.

Joseph C., le dernier de ces sept accusés, est le seul poursuivi pour agression sexuelle.

Ces interrogatoires pourraient se poursuivre après le week-end.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV