Procès Tron: six ans de prison requis contre l'ex-secrétaire d'Etat

Georges Tron - Thomas SAMSON / AFP
"Mon intime conviction est que Brigitte Gruel et Georges Tron sont coupables de viol et d’attouchement sexuel", a déclaré ce mercredi l'avocat général, Frédéric Bernardo, devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis. A l'issue d'un réquisitoire long de deux heures, il a demandé six ans de prison ferme contre l'ex-secrétaire d'Etat et maire en exercice de Draveil, Georges Tron, pour les viols de deux de ses anciennes employées. Il a également réclamé une peine de quatre ans de prison à l'encontre de son ancienne adjointe à la Culture, Brigitte Gruel, jugée à ses côtés. Le magistrat a par ailleurs requis qu'ils soient tous deux déclarés inéligibles et inscrits sur le fichier des délinquants sexuels.
"Pervers narcissique"
Ce mercredi, le réquisitoire de l'avocat général était très attendu étant donné que le ministère public s'était toujours opposé au renvoi devant les assises de l'élu et de son ex-adjointe. Ce n'est qu'en 2014 que la tenue d'un procès avait finalement été décidée par la chambre de l'instruction, à contre-courant du non-lieu prononcé un an plus tôt par des magistrats.
"On a le droit d'avoir dans la magistrature son point de vue, j'ai le mien. (...) Faut pas croire qu'on est une armée de soldats", a déclaré l'avocat général.
Pendant près de deux heures, Frédéric Bernardo s'est exprimé face à la cour, sans aucune note, s'attachant à démonter ce qu'il appelle le "système Tron". Il a fustigé le comportement d'un homme "aux pleins pouvoirs qui impose ses désirs aux autres" et qui a tenté de "politiser une affaire purement sexuelle" en dénonçant un complot.
Rappelant qu'il était affublé du surnom de "masseur chinois", en référence à sa passion revendiquée pour la réflexologie plantaire, il le compare plutôt au "comte Dracula", un "pervers narcissique" qui "vampirise ses victimes". Quant à son ex-adjointe à la Culture, il estime qu'elle a "obéi en petit soldat". Face à un tel réquisitoire, George Tron semblait outré, secouant la tête à chaque accusation.
Verdict attendu depuis plus de 7 ans
Frédéric Bernardo s'est ensuite tourné vers les plaignantes: "Votre situation m'a touché, vous avez du développer une force inouïe, du courage, peut-être aussi un brin de folie pour supporter ce que vous avez vécu." Virginie Ettel et Eva Loubrieu, 41 et 44 ans, accusent Georges Tron et Brigitte Gruel de leur avoir imposé des attouchements et des pénétrations digitales. Les accusés nient en bloc, estimant que le "ressentiment" des anciennes employées de mairie a été exploité par leurs opposants locaux d'extrême droite.
Cet après-midi, la parole est à la défense. Les avocats de Georges Tron et de Brigitte Gruel présenteront leur argumentaire pour un verdict attendu jeudi, plus de sept ans après les dépôts de plainte de deux ex-employées municipales.