BFMTV
Politique

Georges Tron, un ex-secrétaire d'Etat et baron de la politique locale aux assises

Georges Tron photographié au conseil général de l'Essonne à Évry en avril 2015

Georges Tron photographié au conseil général de l'Essonne à Évry en avril 2015 - LIONEL BONAVENTURE, AFP/Archives

Georges Tron est accusé de viol par deux anciennes employées de la mairie de Draveil, dans l'Essonne.

Ex-balladurien, rallié à Nicolas Sarkozy qui le fera entrer au gouvernement, baron de la politique dans l'Essonne, adepte des "coups": personnage controversé, Georges Tron est jugé mardi aux assises de Seine-Saint-Denis pour viols. Il risque 20 ans de prison.

Triolisme forcé

Après un faux-départ l'an dernier, quatre semaines de débats s'ouvrent mardi à Bobigny, où le procès a été dépaysé à Bobigny: Georges Tron doit répondre aux assises des accusations de viols en réunion de deux anciennes employées de la mairie de Draveil (Essonne) qu'il dirige toujours. Il comparaît au côté de son ex-adjointe à la Culture, Brigitte Gruel, 61 ans comme lui. Tous deux nient en bloc.

Le procès s'ouvre une dizaine d'années après les faits reprochés par Virginie Ettel et Eva Loubrieu, âgées aujourd'hui de 41 et 44 ans. Et plus de sept ans après le scandale qui avait coûté à Georges Tron son poste de secrétaire d'Etat à la Fonction publique en mai 2011, dans le sillage de l'arrestation à New York de l'ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol par une femme de chambre.

Les plaignantes affirment avoir été incapables de s'opposer à leurs employeurs lors de scènes de triolisme, avec attouchements et pénétrations digitales.

"Massage chinois"

En 2010, alors que Nicolas Sarkozy cherche à décimer les troupes villepinistes, Georges Tron accepte le poste de secrétaire d'Etat à la Fonction publique. Une fonction qu'il n'occupera qu'à peine un an: il est forcé à démissionner quand ses anciennes employées l'accusent de viols et agressions sexuelles, décrivant des massages sous couvert de réflexologie plantaire, dont il est adepte, qui dérapent.

A droite, tout le monde connaissait depuis longtemps "le massage chinois de Georges Tron", témoigne un élu LR.

"C'était sa technique de drague, il proposait aux journalistes, aux secrétaires, aux attachées parlementaires", dit-il, assurant cependant que plusieurs femmes lui avaient précisé que "quand on disait non, il s'arrêtait".

Georges Tron, 61 ans, conseiller départemental LR et maire de Draveil depuis 1995, est accusé avec son ancienne adjointe de viols et agressions sexuelles sur deux anciennes employées de sa mairie, des accusations qu'ils contestent.

Éminent balladurien

Élu député à 35 ans dans l'Essonne lors de la "vague bleue" de 1993, Georges Tron y sera réélu jusqu'à ce qu'éclate l'affaire.

Georges Tron débute sa carrière politique dans l'équipe d'Edouard Balladur, dont il sera collaborateur parlementaire au ministère de l'Economie (1986-88), chef de cabinet (1988-93) puis conseiller officieux à Matignon où il disposera d'un bureau pendant la deuxième cohabitation.

Localement, ce juriste qui deviendra avocat au barreau de Paris en 2009, est un habitué des campagnes tendues (aux législatives contre son ennemi juré le socialiste Thierry Mandon) voire exécrables (aux municipales contre le camp de son adversaire FN Philippe Olivier, beau-frère de Marine Le Pen, qu'il estime être derrière le "complot politique" qui l'a mené devant la justice).

Oublié de la politique nationale après la défaite de Balladur, Georges Tron se fait remarquer en 2005 en créant la polémique après les émeutes de banlieue, par l'annonce d'une suspension immédiate des aides sociales municipales aux familles des fauteurs de troubles condamnés par la justice.

Devenu dans les années 2000 pilier des fidèles de Dominique de Villepin, il soutiendra pourtant Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007 tout en restant un fervent défenseur de l'ancien Premier ministre au moment de l'affaire Clearstream, n'hésitant pas à critiquer le gouvernement, avant d'y rentrer brièvement, donc. 

L.N. avec AFP