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Police-Justice

"Georges Tron n’est ni le responsable, ni le bénéficiaire" du renvoi de son procès

Me Antoine Vey, l'avocat de Georges Tron.

Me Antoine Vey, l'avocat de Georges Tron. - BFMTV

Le procès pour "viols" et "agressions sexuelles" de l'ex-secrétaire d'Etat Georges Tron a été ajourné vendredi par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis au terme de quatre jours de débats sous haute tension.

Coup de théâtre vendredi soir au procès Georges Tron. Après une première demande de report rejetée, le président de la cour d'assises de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, a décidé de renvoyer les débats "à une session ultérieure". Le maire de Draveil et ancien secrétaire d'Etat était jugé, aux côtés de son adjointe, depuis mardi pour "viols" et "agressions sexuelles" sur deux anciennes employées de sa mairie.

Si les avocats des deux plaignantes ont reconnu que le procès ne pouvait plus se poursuivre, ils ont mis en cause les avocats de la défense et leur "stratégie de bulldozer", comme l'a qualifié Me Alexandre-M. Braun, conseil de Virginie Ettel. "Georges Tron n’en est (du renvoi de son procès, NDLR) ni le responsable, ni le bénéficiaire", a clamé sur BFMTV Me Antoine Vey qui assure la défense de l'homme politique aux côtés de Me Eric Dupond-Moretti.

"Ce qu’on demandait, c’est un procès équitable mais ça devenait intenable, assure l'avocat. Nous demandons la pleine et entière présomption d’innocence."

Présence de "militants"

Selon lui, la stratégie de la défense n'était pas de faire reporter le procès. Un renvoie selon lui causé par trois événements, circonstances, extérieurs. Me Dupond-Moretti et Me. Vey dénonçaient la diffusion jeudi soir sur France 2 d'un documentaire consacré au procès Tron dans l'émission Envoyé Spécial, un reportage "à charge" selon eux. Ils estimaient alors que la présomption d'innocence était bafouée. "La justice ne se rend pas sur la télévision publique", martèle l'avocat. 

Depuis mardi, et l'ouverture du procès, de nombreux commentaires ont été faits sur la teneur des débats. Sans s'attaquer à la présence des journalistes, Me Antoine Vey met en cause "la présence de militants versés dans une idéologie qui insulte tous les intervenants judiciaire, à commencer par le président des assises en direct". Régis de Jorna a en effet été vivement critiqué pour sa manière de conduire les auditions et notamment celles des victimes présumées.

"Six ans qu'il attend de s'expliquer"

Vendredi matin, le président, lors d'une discussion regroupant les avocats des deux parties et l'avocat général, a d'ailleurs exprimé ses inquiétudes et affirmé qu'il serait préférable qu'une femme juge cette affaire. Ce que le principal intéressé nie. La conversation rendue a été rendue publique par Me Dupond-Moretti qui brisait alors "la foi du palais". "On ne peut pas toujours faire semblant que les choses n’existent pas", rétorque Me Antoine Vey, appelant à "la transparence de la justice".

"Sa défense devait finalement se résumer, au dernier jour du procès, au déploiement de méthodes désespérées, mêlant la déloyauté (la révélation d'échanges confidentiels avec un magistrat) au dilatoire (la multiplication d'incidents d'audience amenant l'impossibilité matérielle de tenir un programme) pour arracher un report piteux", attaquent de leur côté les avocats des plaignantes.

Autant d'éléments qui font dire à l'avocat que ce renvoi ne bénéficie pas à son client qui clame, depuis le début de l'affaire en 2011, son innocence. "Nous n'avons pas décidé de la date du procès", rappelle-t-il alors que le calendrier devenait intenable en raison, notamment, de la soixantaine de témoins à entendre en seulement 15 jours d'audiences. "On a demandé depuis 2016 que le procès soit audiencé le plus vite possible", insiste Antoine Vey. Avant de conclure: "Cela fait six ans que Georges Tron attend de s'expliquer."

Justine Chevalier