BFMTV
Police-Justice

Procès Le Scouranec: l'ex-chirurgien va être confronté à ses journaux intimes ce mardi

L'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec à l'ouverture de son procès pour viols et agressions sexuelles, le 24 février 2025 à Vannes, dans le Morbihan

L'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec à l'ouverture de son procès pour viols et agressions sexuelles, le 24 février 2025 à Vannes, dans le Morbihan - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

Ces carnets et fichiers dans lesquels il consignait les violences sexuelles commises durant des décennies avec les noms, âges voire les adresses des victimes, ont permis de découvrir l'ampleur de cette affaire.

Nouvelle journée dense pour la cour criminelle du Morbihan. Jugé à Vannes pour des viols ou agressions sexuelles sur près de 300 patients, l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec va ce mardi 4 mars être interrogé sur les carnets dans lesquels il consignait ses actes pédocriminels.

Lundi, au lancement de la deuxième semaine du procès, Joël Le Scouarnec a assuré vouloir désormais "assumer" au moment où la cour criminelle du Morbihan terminait l'examen de sa personnalité.

"J'ai menti à tout le monde, (...) J'ai menti jusqu'en 2017, aujourd'hui, je veux assumer ma responsabilité", a-t-il déclaré dans le box, d'une voix toujours égale. "Si j'ai commis un viol, je dirais j'ai commis un viol", a-t-il poursuivi, disant s'être "débarrassé" de son désir pour les enfants depuis 2017 et son incarcération.

"Position qui a fortement évolué"

Si l'accusé a reconnu durant l'enquête une partie des faits de viols (touchers rectaux) sur des garçons, il n'a reconnu que des agressions sexuelles sur des filles, a relevé plus tôt à la barre le gendarme qui a dirigé l'enquête.

Interrogé sur ses écrits faisant état de viols de petites filles dans ses carnets, le médecin a expliqué "qu'il s'agissait soit d'une exagération de sa part, soit d'un fantasme", a dit l'officier.

Pour l'un des avocats de la défense, Me Thibaut Kurzawa, l'accusé "est quelqu'un qui a avancé, qui a mis des mots sur ses actes, qui a une position qui a fortement évolué".

Depuis le début du procès, le 24 février, l'ex-chirurgien de 74 ans a adopté une attitude contrite, se confondant en excuses, lors de courtes prises de parole après les témoignages de ses proches. L'un des moments marquants de la première semaine d'audience a été la reconnaissance par l'accusé "d'abus sexuels" sur sa petite-fille face à son fils, père de la fillette.

Estimant avoir été un bon père, il a toujours nié le moindre geste sur ses trois fils mais reconnaît avoir fantasmé sur eux. "Il y avait deux personnes: il y avait le pédophile et le père", se défend-il.

Confrontation

Cet adepte des listes (livres, opéras, films), doté selon son ex-épouse d'une "mémoire d'éléphant", affiche toutefois de troublants trous de mémoire, comme sur son enfance ou une éventuelle relation extraconjugale, mais aussi sur la disparition d'un carnet évoquant les faits commis en 1994.

Interrogé sur un éventuel traumatisme dans son enfance par la présidente, Aude Buresi, Joël Le Scouarnec affirme n'avoir "rien trouvé" dans son "passé" qui pourrait "expliquer (son) comportement" pédocriminel. Pourquoi est-il ainsi?, insiste-t-elle. "Je ne sais toujours pas apporter une réponse."

L'audience de mardi, qui débutera exceptionnellement à 9h, doit permettre de décortiquer le parcours professionnel du médecin, puis de le confronter à ses journaux intimes.

Découverts en 2017 lors de son interpellation pour le viol d'une voisine de 6 ans, les carnets et fichiers dans lesquels il consignait les violences sexuelles commises durant des décennies avec les noms, âges voire les adresses des victimes, ont permis de découvrir l'ampleur de cette affaire.

Selon le directeur d'enquête, l'accusé a reconnu une grande partie des faits décrits dans ces carnets.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier avec AFP Journaliste BFMTV