Procès des viols de Mazan: le dernier accusé à faire appel maintient qu’il "n’a jamais su" que Gisèle Pelicot était droguée

Gisèle Pelicot arrive aux assises de Nîmes le 6 octobre 2025 - Photo par CHRISTOPHE SIMON / AFP
"Approchez de la barre." Husamettin D. se lève difficilement de sa chaise. Affaibli et adossé à une béquille, l’accusé de 44 ans chaloupe vers le pupitre de la cour d’assises de Nîmes. Ce lundi 6 octobre, la salle est bondée de journalistes. Le président, Christian Pasta, lui demande pourquoi il est là.
"Je suis là parce que j’ai jamais voulu violer cette dame", marmonne à la barre l’ouvrier du BTP. Assise sur sa gauche, Gisèle Pelicot, qui réapparaît pour la première fois publiquement depuis décembre 2024, l’écoute sans expression. "J’ai trop le respect pour elle", assure cet homme, barbe poivre et sel et cheveux clairsemés plaqués vers l’arrière.
À l’issue du procès des "viols de Mazan", audience hors normes qui a fait de Gisèle Pelicot une icône féministe mondiale, 51 hommes, dont Husamettin D., avaient été condamnés à des peines allant de 3 à 20 ans de prison ferme, la plupart pour le crime de "viol aggravé".
C’était le 19 décembre 2024 – tous avaient été reconnus coupables. Coupables d'avoir abusé de Gisèle Pelicot, droguée au Temestat par son époux Dominique Pelicot. Une enquête tentaculaire avait permis d’établir que des dizaines d’hommes, recrutés sur le site criminogène Coco - aujourd’hui fermé - étaient venus la violer à son insu entre 2011 et 2020.
"Je n'ai jamais su qu'elle était droguée"
Husamettin D. est aujourd’hui le seul des accusés de Mazan à ne pas accepter sa peine: la cour criminelle du Vaucluse l’avait condamné à neuf ans de réclusion. Et si cet intérimaire, père d’un enfant, a toujours reconnu avoir commis des pénétrations péniennes, buccales et digitales sur Gisèle Pelicot à Mazan, dans la nuit du 28 au 29 juin 2019, devant les jurés il "nie l’intention de viol". Farouchement.
"Je n’ai jamais su qu'elle était droguée. Moi, il [Dominique Pelicot] m’avait jamais dit ça à ce moment là", affirme l’accusé avare de mots. Dominique Pelicot l’aurait manipulé. Son discours n'a pas changé d'un cheveu depuis le procès en première instance. Ce lundi est consacré à sa personnalité. Le fond sera abordé demain. Le verdict, lui, est attendu jeudi.