Viols de Mazan: qui est l'unique accusé en appel, de retour devant la justice ce lundi?

Ce lundi 6 octobre s'ouvre devant la cour d'assises du Gard le procès en appel de l'affaire des viols de Mazan. Un seul homme sera présent dans le box des accusés le long de ces trois jours d'audience: Husamettin D., 45 ans. Condamné à neuf ans de prison en première instance, il est le seul à avoir maintenu son appel dans cette affaire.
Après le verdict en décembre 2024 à Avignon, Dominique Pelicot avait écopé de 20 ans de prison - une peine dont il n'a pas fait appel. Les 50 autres accusés avaient été condamnés à des peines allant de 3 à 15 ans de prison. Si 17 d'entre eux avaient décidé de faire appel de leur condamnation, 16 hommes s'étaient finalement désistés.
"Il a toujours dit qu'il ne l'avait pas violée"
Un seul d'entre eux a donc choisi de maintenir cet appel. "Mon client a le mérite de la cohérence", souligne Me Jean-Marc Darrigade, l'un des deux avocats de l'accusé. "Il a toujours dit qu'il n'avait pas violé Gisèle Pelicot. Il le maintient, et c'est la raison pour laquelle il maintient cet appel."
Gisèle Pelicot, 72 ans, a été droguée aux anxiolytiques pendant une décennie par son ex-mari, puis violée par celui-ci et des dizaines d'hommes qu'il recrutait sur internet, principalement dans leur maison de Mazan dans le Vaucluse.
Husamettin D. affirme qu'il n'était pas au courant que Gisèle Pelicot dormait quand il s'est rendu au domicile du couple, en décembre 2019. "Mon client n'a pas changé de positionnement. Il conteste toujours avoir commis un viol", rappelle Me Jean-Marc Darrigade qui n'assurait pas la défense de son client en première instance.
"Il reconnaît s'être présenté à leur domicile cette nuit-là, mais dans le cadre d'un plan libertin qui lui avait été proposé par le couple", expose son avocat. "Il lui semblait que c'était par le couple, et il a ensuite découvert que c'était tout autre chose."
Il assure s'être rendu compte du problème en entendant des ronflements de Gisèle Pelicot. "Il conteste avoir voulu violer quiconque ce soir-là", appuie Me Jean-Marc Darrigade.
L'accusé revendique avoir cru à un scénario libertin
Selon l'avocat, Husamettin D. "entend développer une défense qui ne sera absolument pas attentatoire à l'icône qu'est devenue Gisèle Pelicot, dont il salue le courage, la détermination et le combat qu'elle a mené au premier procès".
"Lui, son adversaire ce n'est pas tant Gisèle Pelicot, mais plutôt Dominique Pelicot dont il considère qu'il a créé un piège dans lequel il est tombé et qui fait que désormais il lutte contre une condamnation", poursuit l'avocat.
"Il a toujours expliqué qu'il avait été contacté par Dominique Pelicot qui avait alimenté une espèce de conversation internet dans laquelle il jouait les deux rôles: le rôle de monsieur et le rôle de madame." Dès rôles qui, selon son conseil, ont donné à l'accusé le sentiment d'être face à un couple libertin.
"Un couple qui l'avait contacté et invité à venir à son domicile. Domicile où il s'est retrouvé en présence de l'homme et de la femme, certes endormie, mais, pouvait-il penser, dans le cadre d'un scénario libertin mis en place par le couple", expose Me Jean-Marc Darrigade qui rappelle que son client n'est jamais retourné aux domiciles des Pelicot.
Son numéro figurait également parmi les numéros bloqués par Dominique Pelicot. "Ce qui peut laisser entendre qu'il y a eu une rupture entre les deux hommes ce soir-là et une cessation totale de toute relation", appuie-t-il.
Gisèle Pelicot présente au procès
Contrairement au procès d'Avignon qui se tenait devant une cour criminelle avec uniquement des magistrats professionnels, Husamettin D. sera cette fois jugé devant un jury populaire qui devra visionner les terribles vidéos. Un risque pour cet homme qui pourrait être condamné beaucoup plus lourdement qu'en première instance. Il encourt aujourd'hui jusqu'à 20 ans de prison.
Husamettin D., qui comparaît libre après obtention d'un mandat de dépôt différé en raison de problèmes de santé, fera une nouvelle fois face à Gisèle Pelicot qui sera présente au procès.
"Il est seul à devoir assumer la pression multiforme du dossier, d'affronter le regard de Gisèle Pelicot, les jurés, les médias, les gens en dehors du palais de justice pour vilipender", expose son avocat. "Oui, il est inquiet. Oui, il n'est pas serein. Oui, il a peur."