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Condamnation de Nicolas Sarkozy: Fabrice Arfi maintient que la note dévoilée par Mediapart "n'est pas un faux"

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Après la condamnation de l'ancien président de la République, le journaliste de Mediapart déplore une "expression malheureuse" du tribunal. Pour lui, cette note attribuée à Moussa Koussa, l'ancien chef des services secrets libyens, pourrait "contenir une erreur de date".

C'est un document au cœur des débats après le procés en première instance de Nicolas Sarkozy. L'ancien chef de l'État a été condamné jeudi dernier à cinq ans de prison avec mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire dans l'affaire dite des "financements libyens" de sa campagne présidentielle de 2007.

Très vite, les regards se sont tournés vers une pièce du dossier, la "note Moussa Koussa", du nom d'un proche du dictateur libyen alors chef des services secrets extérieurs. Publiée en avril 2012, dans l'entre-deux tours de la présidentielle, par Mediapart, elle évoquait un "accord portant sur le soutien à la campagne électorale du candidat aux élections présidentielles Monsieur Nicolas Sarkozy pour un montant de 50 millions d’euros".

Un document qui, selon l'enquête de Mediapart, ne prouvait pas que cette somme avait été versée, mais que le régime de Mouammar Kadhafi aurait été prêt à le faire.

Erreur de date?

Dans son jugement rendu ce jeudi, le tribunal de Paris indique que le "plus probable" est "que ce document est un faux". Ce dont le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi, refuse de convenir.

"Une expression malheureuse qui ne veut rien dire en droit", a-t-il réagi ce lundi sur l'antenne de BFMTV. Le litige porte notamment sur la date dudit document. "Ce n'est pas parce qu'il y a une erreur de date que ça en fait un faux, a fortiori pour une rencontre qui a vraiment existé", a-t-il encore plaidé.

La note en question fait référence à une réunion entre Brice Hortefeux et Abdallah Senoussi, beau-frère du dictateur libyen, condamné à la perpétuité pour son rôle dans l'attentat du DC-10 de l'UTA qui avait coûté la vie à 170 personnes en 1989, dont 54 Français. Le tribunal a estimé qu'"il est impossible que (Brice Hortefeux) n'ait pas rendu compte au candidat (Nicolas Sarkozy)" de cette rencontre. La "situation pénale" d'Abdallah Senoussi en France "était un sujet de préoccupation très important pour les Libyens", toujours d'après le tribunal, ce que Nicolas Sarkozy et ses proches "n'ignoraient pas". Une présentation des faits que l'ancien président de la République a toujours nié, affirmant qu'il ne savait rien de ce rendez-vous.

Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Nicolas Sarkozy a riposté au sujet de cette note qui a déclenché l'affaire. "S'il y a un faux, c'est parce qu'il y a eu des faussaires, des manipulateurs et donc un complot". Et d'ajouter dans ce même titre: "Dans un monde normal, c’est l’ensemble de l’accusation qui aurait dû s’écrouler. Or, le tribunal a fait exactement le contraire. Je rappelle que j’ai perdu la présidentielle de 2012 de très peu. Le faux de Mediapart y a joué un grand rôle. Qui réparera cette injustice?"

Nicolas Sarkozy avait déja attaqué Mediapart en justice pour faux, recel de faux, usage de faux et diffusion de fausses nouvelles. À trois reprises, la justice avait jusque là estimé que rien "ne permettait de conclure que ce document est un faux matériel".

Matthieu Heyman