Condamnation de Nicolas Sarkozy: le chef du Parquet national financier assure qu'il n'a "aucun compte à régler"

Jean-François Bohnert le 17 octobre 2019 - Eric Feferberg
Quatre jours après la condamnation de Nicolas Sarkozy dans le cadre de l'affaire des soupçons de financements libyens de sa campagne de 2007, le chef du Parquet national financier Jean-François Bohnert a assuré, ce lundi 29 septembre, qu'il n'avait "pas de haine" à l'encontre de l'ancien président de la République.
"Nous n'avons pas de haine à exprimer. Chacun peut penser ce qu'il souhaite en son for intérieur, mais nous, notre boussole, c'est le droit, c'est la règle de droit", déclare sur RTL le chef du PNF en réponse aux accusations formulées par l'ex-chef de l'État estimant que sa condamnation lui avait été infligée par "haine" des magistrats.
Le chef du Parquet national financier Jean-François Bohnert l'assure: "je n'ai aucun compte à régler avec aucun homme politique".
À l'issue de plusieurs mois de procès, le tribunal correctionnel de Paris a condamné, jeudi 25 septembre, Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt et exécution provisoire pour "association de malfaiteurs". Il lui est reproché d'avoir "laissé ses plus proches" collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007.
Si cette condamnation est jugée sévère par l'ancien président, Jean-François Bohnert dit prôner"l'indépendance d'analyse" du tribunal.
"On va un peu trop loin"
Dans les colonnes du Journal du Dimanche, ce samedi, Nicolas Sarkozy a estimé que sa condamnation violait "toutes les limites de l'État de droit". "Il y a juste la volonté d'humiliation. Si je dois dormir en prison, je dormirai en prison, mais je ne reconnaîtrai jamais quelque chose que je n’ai pas fait", a certifié celui qui continue de clamer son innocence dans ce dossier.
"On va un peu trop loin", fustige à son tour le chef du Parquet national financier au micro de RTL.
"Avant d'en arriver au jugement, il n'y a pas moins d'une centaine de magistrats qui s'est penchée sur le dossier du financement libyen de sa campagne", nuance Jean-François Bohnert.
Menaces contre la justice
Depuis l'annonce de la condamnation de Nicolas Sarkozy, la présidente du tribunal qui a prononcé la peine à l'encontre de l'ancien président a été la cible de plusieurs menaces de mort et de cyberharcèlement.
Deux enquêtes ont été ouvertes vendredi par le parquet de Paris à la suite de ces menaces et confiées au Pôle national de lutte contre la haine en ligne. Emmanuel Macron a dénoncé des actes "inadmissibles" rappelant que les décisions de justice "peuvent être commentées ou critiquées dans le débat public mais toujours dans le respect de chacun".
"L’État de droit est le socle de notre démocratie. L'indépendance de l’autorité judiciaire, son impartialité comme la protection des magistrats qui la rendent, en sont les piliers essentiels", a ajouté le président de la République.