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Police-Justice

Procès de l'affaire des assistants parlementaires: troisième jour d'audience à venir pour Marine Le Pen

Marine Le Pen à son arrivée au tribunal correctionnel de Paris, le 14 octobre 2024

Marine Le Pen à son arrivée au tribunal correctionnel de Paris, le 14 octobre 2024 - Grégoire CAMPIONE © 2019 AFP

Ce mercredi 16 octobre marque la troisième journée d'audience pour l'ancienne candidate à la présidentielle. Pour un "détournement de fonds publics", elle encourt une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de prison, un million d'euros d'amende et surtout une peine d'inéligibilité.

Des soupirs d’agacement et sans doute d’impuissance… Après déjà deux journées compliquées, Marine Le Pen doit continuer à être interrogée, ce mercredi 16 octobre, à la barre de la 11e chambre du tribunal judiciaire de Paris qui examine le dossier dit des assistants parlementaires du Front national, devenu depuis Rassemblement national.

Très présente depuis le début du procès, la cheffe de file des députés RN à l'Assemblée a du mal à cacher son agacement. Régulièrement, on la voit s'agiter, s'énerver, fulminer sur le banc des prévenus où elle occupe la première place. Quand elle ne prend pas la parole directement lorsque les débats ne vont pas dans son sens.

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"Je travaillais pour la personnalité Marine Le Pen"

Et cela est arrivé souvent depuis le début du procès. Depuis ce lundi, la présidente Bénédicte de Perthuis a décidé d’examiner les dossiers de tous les assistants parlementaires que Marine Le Pen a eus lorsqu'elle était députée européenne: Micheline Bruna, la secrétaire de Jean-Marie Le Pen, Guillaume L'Huillier, son directeur de cabinet ou encore Thierry Légier, son garde du corps.

Avec à chaque fois la même question: travaillaient-ils vraiment pour l'eurodéputée Marine Le Pen? Ou plutôt pour le compte du parti Front national?

"Je travaillais pour la personnalité Marine Le Pen" a répondu, dans une pirouette, ce mardi Catherine Griset visiblement mal à l'aise au moment d’être interrogée.

Le Pen dénonce la "partialité" supposée de la présidente

Juchée sur des hauts talons à la barre, la secrétaire historique de Marine Le Pen – son "cœur névralgique" comme elle l'appelle – a eu bien du mal à prouver qu'elle avait travaillé pour l’activité européenne de l’ancienne patronne du FN.

"Je suis désolée. Je n'avais pas compris que je devais vivre et résider à Bruxelles", finit-elle ainsi par répondre lorsque le tribunal lui rappelle les règles fixées par le Parlement européen, en la matière. C'est surtout depuis Paris que Catherine Griset organisait l'agenda de Marine Le Pen, sans que l'on parvienne à savoir s'il s'agissait d'un travail "européen" ou "franco-français".

Depuis le début de l'audience, Marine Le Pen a énormément de mal à dissimuler son agacement, devant les éléments dévoilés jour après jour par le tribunal. En aparté, elle n'hésite pas à critiquer la "partialité" supposée de la présidente Bénédicte de Perthuis.

Alors qu'elle parlait les premiers jours d'un véritable "système", la magistrate a tempéré un peu son propos depuis, préférant désormais l'expression de "gestion collective". Mais, au-delà de cette particularité sémantique, toutes ses questions semblent démontrer que la gestion des assistants contrevenait aux règles fixées par l'Europe.

"Faire passer son message"

Marine Le Pen ne le conteste pas réellement et souhaite placer le débat sur un autre terrain. Très combative à la barre où elle est restée sept heures ce lundi, elle se bat pied à pied pour tenter "de faire passer son message" comme elle dit, c'est-à-dire de tenter de faire comprendre qu'elle avait une vision différente de la gestion des choses que le Parlement, que ses assistants pouvaient aussi avoir une activité politique pour le parti et que, finalement, ce n'était pas au Parlement de déterminer comment les assistants devaient être employés.

Mais elle sait qu'elle risque gros dans cette affaire. Pour "détournement de fonds publics", elle encourt une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de prison, un million d'euros d'amende et surtout une peine d'inéligibilité qui pourrait compromettre ses plans pour 2027. "Le résultat ne dépend plus de moi de toute façon", répond encore Marine Le Pen.

Vincent Vantighem