Policier tué à Avignon: le récit de quatre jours de cavale

Ils sont restés trois jours complets dans une cave puis, à la fin du quatrième, se sont fait cueillir par la police au moment de remonter à l'air libre et de tenter une sortie. Les enquêteurs ont eu le meurtrier présumé du brigadier Eric Masson et son complice à l'œil bien avant de leur mettre la main dessus.
Interpellés dimanche soir au péage de Remoulins, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Avignon, ils sont actuellement en garde à vue, tout comme le chauffeur du véhicule qui les conduisait. Lundi matin, la soeur du tireur présumé, a également été arrêtée et placée sous le même régime.
Terrés dans une cave équipée
Tandis que le meurtrier présumé, âgé de 19 ans, coneste les faits qui lui sont reprochés, comme l'a souligné son avocat Louis-Alain Lemaire lundi, les enquêteurs vont tenter de débrouiller l'écheveau des circonstances et les responsabilités autour de la mort d'Eric Masson. Ils vont aussi faire la lumière sur le déroulement et les conditions de la curieuse cavale immobile des deux principaux suspects avant leur fuite avortée.
Car, après le meurtre et pendant les trois jours qui ont suivi, le tireur présumé et l'homme à son côté au moment du drame se sont terrés au fond d'une cave du quartier avignonnais de La Rocade. Les policiers ont perquisitionné l'endroit lundi matin: ils y ont noté la présence d'un frigo, de nourriture, de boissons et de plusieurs télés.
Marie, une riveraine, a assisté de loin à l'opération:
"J’ai ouvert mes volets comme tous les matins. J’ai vu un policier en tenue et une personne de la police scientifique en combinaison blanche et ils prenaient pas mal de photos. Ils avaient plusieurs sacs, des sacs à dos, cabas, et ils sont partis avec les gyrophares. Il y avait trois voitures banalisées et un camion de la police nationale."
Mis sous surveillance
Rencardés par un informateur, les enquêteurs ont identifié il y a plusieurs jours celui qu'il soupçonne d'avoir abattu le policier. D'autres éléments les ont amenés devant l'immeuble de La Rocade. Sans pour autant intervenir tout de suite.
Guillaume Farde, consultant sécurité de BFMTV, explique: "Ils vont arriver à les ‘loger’, comme on dit dans le jargon de la police, c’est-à-dire à savoir où ils se cachent, et à les mettre sous surveillance pour voir notamment quelle est l’étendue de leur réseau, qui va les aider à préparer ce qui est une sorte de cavale."
Dimanche soir, un homme âgé d'une cinquantaine d'années passe justement les prendre en voiture. Le véhicule s'engage sur l'A9, filé par la police. À ce stade, les enquêteurs pensent que les suspects cherchaient à se réfugier en Espagne. Mais au lieu d'Espagne, ils ne verront que le péage de Remoulins, où des agents les ont arrêtés sur les coups de 22h30.
"Je vois mal comment je pourrais le défendre"
La cave que les deux suspects avaient quittée est située à proximité du domicile de la mère du meurtrier présumé. Auprès de BFMTV, celle-ci s'est décrite comme "attristée, dévastée, vidée". "Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive, c’est un cauchemar", explique-t-elle.
Son oncle et sa tante ont aussi confié quelques mots à BFMTV, soulignant leur incrédulité. Certes, pour eux, leur neveu était un petit délinquant avec de mauvaises fréquentations, avide d'argent facile et en délicatesse avec de nombreux jeunes dans le quartier, mais en aucun cas un meurtrier. Et si, finalement, il l'était bien devenu, mercredi en fin d'après-midi, en faisant feu par deux fois sur un policier? "S’il est responsable, je vois mal comment je pourrais le défendre", a reconnu son oncle.