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Police-Justice

Pédophilie à l'école: "La prévention réelle n'existe pas"

L'école du Mas de la Raz, à Villefontaine, dans l'Isère, où travaillait le directeur d'école mis en examen pour viols sur mineurs.

L'école du Mas de la Raz, à Villefontaine, dans l'Isère, où travaillait le directeur d'école mis en examen pour viols sur mineurs. - Philippe Desmazes - AFP

Alors que l'Education nationale est secouée par un scandale de pédophilie, une réunion se tient ce mercredi après-midi entre recteurs et procureurs généraux, pour réfléchir aux moyens d'améliorer la communication entre la Justice et l'Education. Les associatifs, eux, appellent à un renforcement de la prévention autour de la pédophilie. 

Comment éviter que le scénario de l'école de Villefontaine ne se reproduise? Après la mise en examen, fin mars, du directeur d'une école primaire de cette commune de l'Isère pour viols sur mineurs, l'heure est aux questions, et à la recherche de solutions. Une réunion entre les recteurs d'académie et les procureurs généraux, se tient ce mercredi après-midi à la Sorbonne, en présence des ministres de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, et de la Justice, Christiane Taubira.

Objectif: rappeler les obligations de transmission des informations par la Justice à l'Education, concernant des condamnations de membres de l'Education nationale pour des faits de pédophilie ou de pédopornographie, alors qu'une faille a été révélée dans le suivi du directeur d'école de Villefontaine. Ce dernier avait en effet déjà été condamné en 2008 pour téléchargement d'images pédopornographiques. Or, son jugement n'avait pas été transmis à l'Education nationale.

> Une circulaire mal appliquée

La réunion de ce mercredi après-midi vise donc à "perfectionner les procédures d'échanges d'informations entre les deux administrations", selon les mots de la chancellerie.

Dans les textes, l'obligation de transmission d'informations est soulignée dans une circulaire du ministère de la Justice datant de novembre 2001. Mais les faits révèlent qu'elle n'est pas toujours appliquée, comme l'a montré l'affaire de Villefontaine. Ce scandale a d'ailleurs entraîné le signalement à l'Education nationale de plusieurs cas de professeurs condamnés par le passé. Ainsi, à Orgères, en Ille-et-Vilaine, un professeur de sport suspecté d'agressions sexuelles a été suspendu la semaine dernière. Ce professionnel de l'Education nationale avait été condamné il y a plusieurs années, en 2006, pour détention d'images pédopornographiques.

Inscrire cette obligation de transmission d'informations dans la loi est une des pistes envisagées par la double enquête administrative menée par les ministères de l'Education et de la Justice sur les "dysfonctionnements" mis en lumière à Villefontaine et à Orgères. Doit-on par ailleurs vérifier en cours de carrière les casiers judiciaires des enseignants? Pour le moment, ils ne sont consultés qu'au moment de l'embauche.

> Des ratés dans la prévention? 

Mais pour Latifa Bennari, fondatrice et présidente de l'association L'Ange Bleu, qui vient en aide aux victimes d'actes pédophiles, mais aussi aux pédophiles "abstinents" pour qu'ils expriment leurs problèmes, le problème réside aussi dans le manque de prévention existant autour de la pédophilie.

"Cette affaire de directeur est très représentative de la situation en France, et dans le monde. On a toujours ignoré la prévention, pourtant c'est un mot qui est utilisé depuis des années", explique-t-elle au micro de BFMTV. "Mais la prévention réelle du premier passage à l'acte n'existe pas", souligne Latifa Bennari.

La responsable associative cite l'exemple du directeur de l'école de Villefontaine: "Un invididu, comme ce directeur qui, par le passé, a confié sa crainte de passer à l'acte, a besoin d'une prise en charge adaptée. On lui a coupé sa drogue, mais on ne l'a pas aidé à se sevrer correctement".

Ces trois dernières années, 57 membres de l'Education nationale ont été révoqués pour agissements pédophiles ou détention d'images pédopornographiques, après signalement de la Justice aux services éducatifs, dont 14 pour la seule année 2014.