Pas de PMA possible après 59 ans pour les hommes

Photo prise le 04 juillet 2002 dans le département Biologie de l'Institut de Recherche criminelle de la Gendarmerie nationale de Rosny-sous-Bois. - Pierre-Frank Colombier
La justice administrative, saisie par l'Agence de la biomédecine qui n'avait pu empêcher deux sexagénaires de recourir à une PMA, lui a donné raison lundi en fixant pour la première fois en France la limite d'âge de procréer à "environ 59 ans" pour les hommes. La cour administrative d'appel de Versailles a considéré qu'"en fonction des connaissances scientifiques (...) disponibles, un homme peut être regardé comme étant 'en âge de procréer', au sens de l'article L.2141-2 du code de la Santé publique, jusqu'à un âge d'environ 59 ans, au-delà duquel les capacités procréatives de l'homme sont généralement altérées", selon ses arrêts.
Les deux hommes, respectivement âgés de 68 et 69 ans au moment de leur demande, s'étaient vu refuser par des centres de procréation médicalement assistée (PMA) de pouvoir utiliser leurs paillettes de sperme congelé en France, car ils avaient plus de 60 ans lors de leur demande.
Ils avaient donc demandé à l'Agence de la biomédecine l'autorisation d'exporter leurs paillettes pour procéder à une PMA à l'étranger. Mais cette dernière avait refusé, les considérant elle aussi trop vieux et avait refusé de leur restituer le sperme congelé.
Ils avaient alors saisi le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis) et obtenu en février 2017 l'autorisation d'exporter leur sperme congelé pour entamer avec leurs épouses une PMA en Belgique pour l'un, en Espagne pour le second.
L'Agence de la biomédecine, contrainte de donner son feu vert à cette exportation, avait fait appel de ce jugement, exprimant le "besoin d'une clarification des règles applicables" en matière de PMA. L'établissement public n'a pas souhaité commenter la décision de la CAA.
Est-ce au juge administratif de fixer l'âge limite?
Me Raphaël Kempf, avocat de l'un des deux couples, a dit regretter cette décision. "En fixant à 'environ 59 ans' l'âge limite pour qu'un homme puisse faire une PMA, les juges se comportent comme le législateur qu'ils ne sont pas. La décision de savoir si un homme peut s'engager dans une PMA appartient en effet à ce dernier, à sa compagne et au corps médical, pas à l'Etat à travers l'Agence de la biomédecine", a-t-il indiqué.
"Rien n'est prévu dans la loi, ce n'est donc pas une décision juridique" mais "une position morale et sociétale, dans le cadre de la révision de la loi bioéthique" (dont les débats doivent durer jusqu'à l'été), a abondé sa consœur Laurence Roques, qui défendait les intérêts de l'autre couple.