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Police-Justice

"On n'est pas surhumain": une policière agressée en 2017 témoigne de son ras-le-bol

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Isabelle est policière depuis vingt-quatre ans. Si elle dit aimer son métier, elle ne peut cacher son anxiété avant d'aller en intervention. La faute à une agression dont elle a été victime en 2017.

"Ce serait mentir de dire qu'on n'a pas peur." Pour Isabelle, difficile de cacher son appréhension avant de se rendre sur une intervention désormais. Dans la police depuis vingt-quatre ans, elle dit aimer encore profondément son métier, mais elle raconte avoir vu ses conditions de travail se dégrader au fil des années.

Pour des raisons personnelles, elle ne sera pas devant l'Assemblée nationale ce mercredi lors du rassemblement des policiers qui réclament davantage de sévérité pour les agresseurs des forces de l'ordre. Pourtant, elle explique être particulièrement concernée par la question. La jeune femme se souvient parfaitement de cette nuit de 2017 en Seine-Saint-Denis où elle a été violemment agressée lors du contrôle d'identité d'un groupe de jeunes:

"J'ai reçu plusieurs coups de poing dans la figure. Un premier coup où ma tête a tapé en arrière contre un mur. Je me suis retrouvée acculée, je n'ai pas eu le temps de déplier ma matraque télescopique que je recevais d'autres coups de poings."

La fonctionnaire de police, très marquée physiquement, reçoit alors un arrêt de travail de deux mois et demi.

Des séquelles psychologiques

Si aujourd'hui les blessures physiques et visibles ont fini par disparaître du visage d'Isabelle, le traumatisme, lui est toujours bien présent. Au point que la policière redoute désormais certaines interventions:

"On n'est pas surhumain et une fois qu'on a été blessé sérieusement, on a toujours une petite crainte lorsqu'on se rend sur une intervention où l'on sait que ça va être violent."

La manifestation, qui devrait rassembler plusieurs milliers de policiers à partir de 13h et qui sera marquée par la présence de nombreuses personnalités politiques, a été décidée par les syndicats à la suite du meurtre du policier Eric Masson à Avignon le 5 mai dernier. Un drame survenu seulement quelques semaines après l'assassinat le 23 avril de l'agente administrative Stéphanie Monfermé, au commissariat de Rambouillet, dans les Yvelines.

Les forces de l'ordre réclament davantage de sanctions et une meilleure protection pour la police, une colère "légitime" pour le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui sera présent ce mercredi.

Louis Augry