BFMTV
Police-Justice

Notre-Dame: le difficile travail des experts scientifiques face à une scène d'incendie hors norme

placeholder video
La cathédrale de Notre-Dame sécurisée, les premiers experts scientifiques ont enfin pu pénétrer dans l'édifice mercredi. Grâce aux prélèvements et aux auditions toujours en cours, ils espèrent faire la lumière sur l'origine du sinistre. Mais les investigations s'annoncent compliquées sur cette zone endommagée de près de 5000 mètres carré.

Les investigations seront longues et complexes. Après 48 heures de travaux de sécurisation de la cathédrale Notre-Dame, les experts scientifiques ont enfin pu pénétrer dans l’édifice, mercredi, et accéder à son sommet. Leur mission consiste à récolter le moindre indice afin de reconstituer la chronologie du sinistre et faire la lumière sur ce qui s’est passé.

Car trois zones d’ombres subsistent: comment l’incendie s’est-il déclaré? Une responsabilité humaine est-elle à l’origine de l’incendie? Y a-t-il eu un dysfonctionnement au niveau de l’alarme incendie qui a sonné à deux reprises?

Les auditions continuent

Dans les bureaux de la brigade criminelle, les auditions s’enchaînent pour répondre à ces questions. Ouvriers, conducteurs de travaux… Ils sont une trentaine à avoir été entendus jusqu’ici. Parmi eux, plusieurs affirment que l'incendie serait parti de l'angle de la flèche, du côté de la Seine. C'est une piste sur laquelle travaillent les enquêteurs, mais sans affirmer pour l'heure qu'il s'agit de l'origine du sinistre. De nouveaux témoins doivent être auditionnés ce jeudi.

"Les auditions servent à reconstituer ce qui s’est passé dans les heures qui ont précédé l’incendie, explique à BFMTV Christian Flaesch, ancien directeur de la police judiciaire de Paris. Pendant toute la journée, des ouvriers se sont succédé. Leur collaboration aide les enquêteurs à reconstituer minute par minute ce que chacun a fait ainsi que le matériel qui a été utilisé. Le but est de déterminer si les outils étaient conformes aux usages ou s’ils ont pu créer un point de chaleur à l’origine de l’incendie."

Cinquante policiers de la brigade criminelle - soit la moitié du service - sont chargés de faire avancer l’enquête qui, pour l’instant, s’oriente toujours vers la piste accidentelle. À ce stade, tous les scénarios restent envisageables: court-circuit, mégot de cigarettes, "point chaud" provoqué par une soudure au chalumeau... Les prélèvements des experts scientifiques, ainsi que les auditions toujours en cours, permettront de valider ou d’infirmer ces thèses.

Scène d’incendie hors norme

Mais les investigations s’annoncent longues car les enquêteurs font face à une scène d’incendie hors norme: c'est une surface de près de 5000 mètres carré qui doit être passée au peigne fin.

"La recherche de traces et d’objets aurait été très intéressante sur la partie qui s’est effondrée. Cet écroulement va compliquer les investigations sur le départ de feu. L’incendie était par ailleurs très intense sur un bâtiment qu’il fallait sauvegarder donc il y a eu énormément d’eau déversée et celle-ci va stagner un certain temps", déplore Guillaume Groult, secrétaire national adjoint du syndicat de police scientifique SNIPAT.

Certains restent effectivement sceptiques sur la possibilité de déterminer un jour la cause du brasier car de nombreuses preuves éventuelles ont été réduites en cendres.

Ambre Lepoivre